Entre 2002 et 2012, plus de 200 élèves du collège Denfert-Rochereau, du lycée Jacques Amyot ont cité à la cérémonie du 11 novembre les 694 soldats Morts pour la France en précisant le jour et le lieu de décès de chacun d'entre eux. Puisse ce site permettre à nos jeunes de mieux comprendre cette tragique page de l'histoire, à nos familles de rafraîchir leur mémoire éprouvée légitimement par le temps, à nos glorieux soldats de ne pas tomber dans l'oubli.

lundi 11 août 2014

Chapitre 5 Bataille de la Marne (5-10 septembre 1914)

1ère bataille de la Marne (5-10 septembre)


            En août 1914, les forces allemandes franchissent la Marne à Châlons et se trouvent aux portes de Saint-Dizier et de Verdun. (cf Plan tiré de Guides Michelin, Marne, Trouée de Revigny, p.6-7)
(coll. part E.Angot)


 
Aux portes de Verdun
Cierges (près de Vauquois) 39 F4
2 septembre 1914        
Edmond DOUX (4e R.I.) , âgé de 28 ans, marié à Inna Bruand.
Roland PAURON (sergent 4e R.I.), âgé de 24 ans marié à Anna Corbin.

Après la bataille engagée aux frontières, la 3ème Armée se replie progressivement. Le 30 août, le général Sarrail, commandant la 3ème armée, établit une ligne Buzancy-Halles . Le 2 septembre 1914, la 3ème armée poursuit sa retraite. La Vième armée allemande arrive. Le 4ième R.I. est chargé d’arrêter l’ennemi qui menace de couper la ligne de retraite. La ténacité du 4ième R.I. donne au C.A. le temps de s’écouler.

3 septembre                 
Georges MEHOMME  (4e R.I. 4e Cie) âgé de 23 ans, disparu au combat, domicilié 6 rue du Temple à Auxerre.


L’enjeu de Vauquois :
rasoir "souvenir de Vauquois" 1914-1916, coll. Musée d'Avallon
Les Allemands arrivent devant Vauquois le 3 septembre. Les habitants quittent leur village les 3 et 4 septembre. La butte de Vauquois est un excellent observatoire d’artillerie face à Verdun. Les Allemands en font une véritable forteresse. Ils creusent des caves dans le roc, des meurtrières dans la butte et placent des mines souterraines. Entourée de champs, la forteresse attend les assaillants qui, à découvert, sont dans une position très délicate.





Le Claon (à l’hôpital, près de Vauquois)
6 septembre 1914
Amour BERTRAND, (4e R.I., 8e Cie, sergent) âgé de 25 ans . des suites de blessures de guerre, ajusteur,  époux de Alzine, domicilié rue Hippolyte Ribière, ses parents sont domiciliés 10 rue du 14 juillet[1].  « le défunt laisse une veuve et un enfant né quelques jours avant son départ ; ancien équipier de l’Alliance Vélo-Sportive et moniteur du Réveil Sportif, il était très connu et très apprécié des sportsmen auxerrois comme camarade autant que comme athlète. »[2]

 

Aux portes de Saint-Dizier / Trouée de Revigny

Ecriennes ( Est de Vitry-le-François) 65 E4
Dés le 6 septembre, la 4ème Armée s’efforce d’arrêter la marche des troupes allemandes. Le Corps colonial subit des combats violents sur le canal de Saint-Dizier.


6 septembre     
Jules Henry BEAUJEAN ( 21ème R.I.C., sergent) âgé de 42 ans, margeur d’imprimerie[3],  époux de Bousselier, domicilié 17 rue du 14 juillet à Auxerre.
(cf photo tirée de Guides Michelin, trouée de Révigny, p.65)


« 6 septembre[4] L’ordre pour la journée du 6 arrive pendant la nuit. Le C.A.C. doit résister sur position : Frignicourt (12e C.A.) – Villote-Vauclerc-Ferme de Tournay-Plateau N.E. de
Dompremy (2e C.A° avec mission générale d’interdire à l’ennemi de déboucher au sud du canal de la Marne au Rhin. Le secteur de la 5e brigade va de Vauclerc (inclus) à la Ferme de Tournay (inclus) secteur à occuper par le 21e colonial rendu sur place à 5h. Liaison à Villotte avec la 2e division, à Dompremy avec le 2e C.A.
(…) a) Bataillon Reymond (2e) doit se porter vers Vauclerc. B) Bataillon Ibos (3e) doit se porter vers la Ferme de Tournay. C) bataillon Moreau (1er) en réserve à Ecriennes. (…) 5h les bataillons arrivent sur position avant le jour.
a)    Bataillon Reymond disposé ainsi qu’il suit. 5e Cie dans Vauclerc même dont elle organise la lisière Est et Nord avec une section de mitrailleuses à la corne N.E. du village. 8e Cie à l’Est du village et à environ 100m en avant de la grande route de Vitry. L’autre peloton de la 6e et toute la 7e compagnie sont en rassemblement articulé à 600m en arrière dans un repli au Sud de Vauclerc.
b)    Bataillon Ibos, a sa 12e compagnie à la Ferme de Tournay, sa 9e compagnie et section de mitrailleuses à 200m sur la droite. Sa 11e Cie au sud de la voie ferrée dans les betteraves. SA 10e Cie à cheval sur la route Favrene-Reims la Brûlée.
c)     Bataillon Moreau rassemblé à Ecriennes, à 2 sections de la 1ère compagnie détachées vers le sud à l’écluse. Le bataillon est bientôt porté à la lisière N.O. du village d’Ecriennes.
Dans l’ensemble c’est un dispositif en profondeur face au Nord-Nord-Ouest. (…)
Vers 7h l’action s’engage. De l’infanterie ennemie débouche à 1500 m environ en avant de Vauclerc (…) Villotte abandonnée par la 2e division (…)Aussitôt l’ordre est donné d’engager le bataillon Moreau sur Villotte pour boucher le trou entre la 5e brigade coloniale et la 2e division coloniale et occuper cette localité ;
A 8h15 l’ordre est donné au commandant Moreau d’attaquer Villotte. (…) Le combat a gagné en intensité. Sur tout le front Luxémont-Villotte-Vauclerc, à une très vive fusillade, s’ajoute l’intervention de l’artillerie adverse. Sur 1500m environ à l’ouest d’Ecriennes, le mouvement du bataillon Moreau s’accomplit sans difficultés ni pertes exceptionnelles. Puis les pertes augmentent également occasionnées par l’infanterie et l’artillerie adverses. Notre progression ralentit de vitesse. Certaines fractions de notre ligne s’accroche au terrain. L’ennemi subit d’ailleurs des pertes sérieuses également au même moment.
Vers 9h devant le front de la 8e Cie à l’E. de Vauclerc, l’action devient plus vive (…) L’artillerie installée de part et d’autre de la grande route de Vitry : sa mise en action est un peu lente mais vers 10 heures, des salves bien réglées fauchent littéralement les premiers rangs allemands.
L’ennemi fait serrer ses troupes de renfort et apparaît en grosses masses à l’ouest et au nord de Vauclerc.  (…)
Ainsi donc, simultanément vers 11 heures, l’effort allemand se précise ;
-       le long du canal de la Marne à la Saône contre la gauche du 1er bataillon.
-       Sur Vauclerc contre la 5e Compagnie.
-       Par le ravin au sud de Reims-la-Brûlée dans les directions du Sud-Est et de l’Est.
Le lieutenant-colonel commandant le 21e colonial (…)sent le besoin d’un pressant renfort. Dès 9h ordre est donné au 3e bataillon de se porter vers l’Est en vue de repousser la tentative de débordement qui se dessine à la droite du 2e bataillon.  (…)
La pression de l’ennemi le long du canal de la Marne à la Saône sur Vauclerc par les ravins au Sud de Reims-la-Brûlée se produisant par fortes masses, détermine notre repli.


Les unités du 1er bataillon qui ont éprouvé des pertes sérieuses, viennent garnir la lisière O. d’Ecriennes et le chemin Ecriennes-Ecluse (3e Cie) avec des éléments à 200m environ à l’ouest d’Ecriennes.  (…) Un flot d’hommes sans chefs prend la route de Vitry poursuivi par le canon. Il est environ 12h.  Le commandant Reymond (…) est blessé. La situation est critique. Le chef de corps quitte son poste. Le commandement et avec la C.H.A. et le drapeau constitue un barrage sur la grande route. Il réussit à arrêter le mouvement de repli et à accrocher nos fractions à la route. L’ordre est de tenir coûte que coûte , des renforts étant annoncés du 2e C.A.
Vers 12h le dispositif est le suivant :
21e colonial :
1er bataillon tient Ecriennes-Ecluse (…)
2ème bataillon est de part et d’autre de la route de Vitry (…)
3ème bataillon se place (…) sur Vauclerc.
(…)
à 13 heures parvient l’ordre de se replier dans la direction générale Thiéblemont-Farémont. (…) à 13 h 15 en raison de l’arrivée des renforts du 1er colonial et du 2e C.A., le général commandant la 5e brigade donne contrordre et prescrit la reprise de l’offensive. Le nouvel ordre parvient au 3e bataillon vers 14 heures, aux autres bataillons à peu près à la même heure ;  (…)
A droite / Par suite de la fatigue et surtout de la violence du feu de l’ennemi qui a soigneusement repéré le terrain, l’offensive de droite est lente et les pertes sont nombreuses. On progresse cependant par petits bonds séparés par de longs temps d’arrêt. (…) Ces mouvements en avant se poursuivent de 14h à 17h. A 17h le feu de l’artillerie ennemie augmente. Le bataillon Oudard débordé sur sa droite est refoulé. Son mouvement de retrait découvre les unités du bataillon Ibos (…)A ce moment elles se trouvent à 400 m environ de Vauclerc. Elles entament très lentement et en ordre un mouvement de repli vers le plateau de Thiéblemont-Farémont qu’elles viennent border aux environs de la route Favresse –Vauclerc. Notre infanterie s’accroche au terrain qu’elle conservera en dépit de la pression de l’ennemi.
Au centre/ le 2e bataillon cramponné au plateau d’Ecriennes face à Vauclerc (…)tient toute l’après-midi. A la tombée de la nuit, une batterie viendra la relever, continuera son tir et donnera ainsi à l’ennemi l’impression qu’il n’a pu éteindre le feu de la première.
A gauche/ l’engagement se poursuit avec plus de confusion encore ; Les 2 compagnies du 23e dirigées sur Ecriennes  (…) éprouvent de lourdes pertes, sont plaquées sur le terrain par l’artillerie ennemie puis cherchent instinctivement protection aux abords de la route de Vitry. Les pertes en cet endroit sont encore nombreuses car l’artillerie lourde allemande tire sur cette grande route et ses abords ;  (…)
La nuit approche. Toutes les unités sont exténuées mais les Allemands ne peuvent prendre sérieusement pied sur le plateau Ecriennes-Thiéblemont-Farémont où nos hommes font preuve de la plus splendide opiniâtreté. 
Vers 18 heures un ralentissement se manifeste. A 19 heures, il se précise. Il est certain que nos adversaires sont à bout de souffle et incapables d’un effort nouveau. Du moins avec les troupes qui ont lutté contre nous dans la journée ; (…)
Dans cette lutte de 13 heures de durée, le 21e colonial avait perdu 19 officiers, 862 hommes de troupe.


Le 2ième C.A. (Général Gérard) reprend contact avec le corps colonial pour arrêter l’avancée allemande . Les coloniaux tiennent Écriennes le 7 septembre au soir mais le lendemain  ils sont obligés de se replier. Vauclerc et Écriennes tombent aux mains de l’ennemi.


coll. musée de Joigny



Vaubécourt (Nord ouest de Bar-le-Duc) 66 A2
4 septembre 1914       
Lucien CHERBUY (4e R.I.) âgé de 25 ans, blessé le… décédé entre le 7 et le 12 septembre[5] ou le 12 novembre[6],  décédé inhumé par les autorités allemandes à Fleury, époux de Marie Boutron, domicilié au 4 rue Soufflot à Auxerre.

5 septembre    
Le 5ième  C.A. ( 4ième R.I.)  de la 3ième Armée contrôle la situation face à la Vème armée du Kronprinz.

6 septembre    
            Les Allemands prennent l’offensive un peu avant 6h du matin. Le feu d’artillerie est si intense que le 5ième C.A. est obligé de se replier bien que les 1er et 3ième bataillons du 4e R.I. aient arrêté net l’attaque allemande. « L’ennemi pousse alors sur la gauche un nouvel assaut qui, progressant à couvert dans le bois de Brouennes, va prendre à revers les deux bataillons du 4e. Mais la 2e compagnie du capitaine Guillaume a décelé ce mouvement, elle fait face aux assaillants, biens supérieurs en nombre, et les contient énergiquement. »[7]
Marcel BENARD, (4e R.I.) âgé de 33 ans, modeleur.
Jean Auguste BOIZOT, (4e R.I. caporal), âgé de 32 ans, époux de  Germaine Boutet, père de plusieurs filles, domicilié rue Joubert à Auxerre.
 Albert DURET (capitaine au 4e R.I.), âgé de 20 ans, mort des suites de blessures, sa mère est domiciliée avenue de la Tournelle, ou 83 rue du Pont[8] à Auxerre.
 Edouard FORITTE, (4e R.I.) âgé de 23 ans
 Georges MARCHAND (4e R.I.), âgé de 34 ans, domicilié 9 place Saint-Amâtre à Auxerre, inscrit au monument de Saint-Georges également.
Paul MESSANT (4e R.I.), âgé de 30 ans, marié à Victorine Léger, inscrit à Crain également.
Louis VILLETTE (4e R.I.), âgé de 32 ans, époux de Lucie Henrique, domicilié 8 rue Sutil à Auxerre. Le 15 septembre 1915 sa date de décès était encore inconnue : « tombé au champ d’honneur antérieurement au 8 juillet 1915, renseignement de source allemande, sépulture inconnue »[9].  « Originaire de Nérondes (Cher), il avait 33 ans. Il était ouvrier maçon chez M. Bénard et habitait rue Sutil, 8. Il laisse une veuve et trois enfants en bas âge. »[10]

Evres             
Le 6ième C.A. de la 3ième Armée prépare son offensive quand il est devancé par le XIIIème actif (voir plan le 6 septembre). Le 6 septembre vers 10 h du matin, l’attaque française est engagée malgré la supériorité numérique des forces adverses. A la gauche, la 17ème brigade, prêtée par le 5ième C.A., dépasse Pretz et parvient à l’ouest d’Evres, mais prise de flanc par les feux allemands, elle est obligée de se replier.

5 septembre 1914       
Charles DUCHEMIN (82e R.I. engagé volontaire en 1913) âgé de 21 ans, domicilié rue Bourneuil à Auxerre.
« 5 septembre[11]  le régiment doit former arrière-garde de la division. Le régiment évacue Lavoye à 5h 30 et prend une formation d’arrière-garde (formation de combat) à cheval sur la route Froidos-Waly, hauteur de Lavoye (…)  A partir de 16 heures, la 4e Cie principalement est soumise à un tir intense de l’artillerie allemande. Des fractions  de cette compagnie se replient. Elles sont reportées en avant par le colonel Fontignon et le capitaine Fleuriot.
Pertes : quelques tués et une quinzaine de blessés ».

6 septembre 1914       
Hippolyte SIMON (82e R.I.) âgé de 22 ans, tué à l’ennemi, domicilié 8 rue Bercier à Auxerre. « tué à Louppy-le-Petit [à côté de Condé-en-Barrois,  entre Bar-le-Duc et Vaubécourt ]»            [12]
« 6 septembre[13] nuit calme. L’ordre est de tenir à tout prix. (…) Le combat s’engage. Lutte d’artillerie vers 9 heures. L’infanterie ennemie attaque les avants postes qui tiennent bon. Pertes effroyables. Les mitrailleuses ennemies entrent en activité. Vers 10 heures, les 2 Cies du 76e R.I. à gauche lachent pied sans avertir, surpris par la 5e Cie. »

10 septembre 1914     
Paul JOLIBOIS (4e R.I.), âgé de 22 ans, mort dans l’ambulance 120

                

Osches ( O. de Souilly 66 B1)

10 septembre 1914     
Charles DAULNY (38e R.I.C., adjudant-chef), âgé de 34 ans, « tué à l’ennemi », époux de Mlle Géry, 68 rue du Pont à Auxerre.[14]

Rembercourt-aux-Pots (S.-E. de Vaubécourt)

6 septembre 1914       
Auguste JEANTET (82e R.I. lieutenant), enterré au cimetière de Gentilly.

Bataille de la Marne, 4e R.I., Vaubécourt, bois de Brouennes (6 septembre, 1er et 3e bataillons), Rembercourt-aux-Pots (7 septembre), 9 septembre nouvelle attaque, Condé-en-Barrois / Vaubécourt/Foucancourt/ Clermont/ Aubreville (10 septembre, poursuite de l’ennemi), Vauquois/Cheppy (15 septembre occupation des lieux malgré l’acharnement de l’ennemi).

Condé-en-Barrois,
7 septembre 1914       
Alfred MARTIN (4e R.I. sergent-major), âgé de 32 ans, disparu au combat, époux de Maire Louise Latroye.

10 septembre 1914 le tour des Allemands déjoué par les fantassins du 4e R.I.,
Le Bourguignon  du 24 septembre rapporte à propos des 82e et 4e R.I. les faits suivants fournis par un fantassin du 4e : « Nous avons eu déjà l’occasion de signaler quelques unes des tristes ruses employées par les Allemands pour attirer nos soldats en de terribles guet-apens. Une lettre d’un soldat auxerrois, qui nous est aujourd’hui communiquée, résume parfaitement la « manière » des troupiers du kaiser :
                        Dans la nuit du 10 au 11 septembre , écrit notre compatriote, deux compagnies du 4e , la 1ère et la 4ième, étaient de grand’garde à C…-en-B… (Meuse)[15]. Le 82e s’était replié à leur gauche.
                        Vers deux heures du matin, les sentinelles donnent l’alarme. Les petits postes et la grand’garde se portent sur la ligne des sentinelles, partie en lisière d’un bois, partie dans un champ de betteraves.
                        L’adjudant B… était prêt à commander le feu on entendit, d’un petit bois de sapins faisant face , des voix qui criaient : « 82e et 4e, ne tirez pas, nous sommes des vôtres ! » D’autres voix crièrent encore : «  En avant ! à la baïonnette ! »
                        Mais un léger accent allemand trahit la prononciation de ces dernières paroles, prononcées par des Allemands qui voulaient faire lever nos soldats pour tirer dessus : ce fut le contraire qui se produisit. L’adjudant B… commanda des feux de salve qui, bien dirigés, eurent des résultats surprenants. Au petit jour, on put constater l’effet produit : 250 cadavres allemands jonchaient le sol.
                        A la suite de ce fait d’armes, l’adjudant B… a été promu sous-lieutenant. »





En Seine-et-Marne
Saint-Soupplets (N.0 de Meaux)
Avant 12 septembre 1914       
René SIMON (289e R.I 26e Cie),âgé de 22 ans, caporal le 8 novembre 1913, sergent le 5 août 1914, tué à l’ennemi avant le 12 septembre. « sous-officier énergique et dévoué, tué à son poste de combat au début de septembre 1914 devant Saint-Soupplets, Croix de guerre avec étoile de bronze »[16], célibataire, domicilié 22 rue d’Égleny à Auxerre. Blessé[17] à la bataille de Barcy le 6 septembre (20e Cie)

22[18] septembre 1914   
Louis Auguste ROUGEOT (21e Cie du 204e R.I.), âgé de 32 ans, tombé au champ d’honneur, marié, père de toirs enfants et domicilié rue du Port Saint-Gervais à Auxerre.

Barcy (Seine-et-Marne)(N.O. de Meaux)
6 septembre 1914       
Elie Abel BERTRAND [19] ( 204e R.I.), âgé de 28 ans, porté disparu le 6 septembre, mort sur le champ de bataille, enfant de l’assistance (Seine), marié et domicilié 71 rue du Pont à Auxerre.
Laurent DEMARTINI (204e R.I., adjudant) âgé de 37 ans, tué sur le champ de bataille à 16h par suite de coup de feu, époux de Marguerite Delsous, domicilié rue Française, Auxerre.
«dimanche  6 septembre[20], d’après les nouvelles sur l’ennemi les Allemands ayant évacué les positions de Monthyon, la 209 brigade se porte sur Lizy par Barcy. A hauteur de la ferme de Barcy la brigade est engagée dans un violent combat. Le 5e bataillon fournit deux compagnies en soutien d’artillerie (17e et 19e Cies), les deux autres (1 !e et 20 Cies) sont en réserve de la division au sud de Barcy. Le 6e bataillon est à la Baraque à la disposition du général de division. A 8h 30 il reçoit l’ordre de se porter à l’attaque de l’ennemi établi sur les cotes E. de Barcy avec direction cote 115 et Etrepilly. Jusqu’à 14h 30 le bataillon subit le feu de l’artillerie. A ce moment là un combat très violent de mousquetterie s’engage entre deux et ensuite trois Compagnies de l’ennemi. Enfin à 15h30 la 4e Cie va s’engager lorsque l’ordre est donné au bataillon de se replier et d’organiser une position en arrière.
Ce mouvement est exécuté, mais deux divisions ennemies étant signalées comme tentant de forcer la ligne, les 5e et 6e bataillons se portent alors ensemble à l’assaut .et après avoir renouvelé cet assaut à trois reprises différentes, le régiment réussit à se maintenir sur la position de Barcy. »

René Michel Marie Stanislas LECOMTE (19e Cie, 289e R.I.), âgé de 30 ans, tué à l’ennemi, marié et domicilié 24 rue du Puits des Dames à Auxerre.
Journée difficile pour le 289e R.I. [21] :
« Le régiment avant garde sur la route Monthyon-Pringy. Une Cie (22e) détachée en flanc garde sur les bois au N. de Pringy Attaque des lignes entre Chambry et Barcy (lignes sur tranchées avec mitrailleuses). Déploiement de la brigade, tentative d’assaut, le combat échoue et continue jusqu’à la nuit. Un ralliement des fractions de tout le Régiment replié en arrière tente une attaque à la tombée du jour.

Le chef de bataillon Olivier du 204e était désigné par le Général pour diriger cette attaque avec tous les éléments qui s’étaient repliés en arrière (289e) (pour le 289e la 22e Cie qui, sa mission de flanc garde terminée, a rejoint les derniers éléments du 289e. Cette dernière attaque permet aux éléments de 1ère ligne de se replier.
            La 23e Cie pendant les journées du 5 et du 6 est restée spécialement affectée à la garde du train de combat et n’a pas dépassé Monthyon. Réunion des éléments dispersés an cantonnement de Monthyon à 22 h.
Pertes : officiers 1 tué sous-lieutenant Demay
Blessés : Lieutenant-colonel Ducros, Commandant Lamborot, Capitaines Angé, Joussot, Alduy ; sous-lieutenants Peltier, Grenouillaud. Parmi les soldats : 18 tués, 230 blessés  100 disparus ou prisonniers .


coll. musée de Joigny



Chambry (Seine-et-Marne) (nord de Meaux) 62 A2

8 septembre 1914       

Lucien ROJOT (lieutenant dans la 20e Cie, 5e bataillon,  204e R.I.), âgé de 32 ans, tombé au champ d’honneur, « tué d’une balle derrière la tête, fils de l’ancien mercier de la rue Joubert[22] »,  marié et domicilié 4 rue des Orgues à Auxerre. « conducteur des ponts et chaussées, chargé des travaux neufs dus ervice de la navigation de la Marne, il venait d’être admis comme élève-ingénieur. »
« Mardi 8 septembre[23] le régiment part à 2 heures direction d’Etrépilly. Trois compagnies (21-22-23e) s’installent au N.-E. de la Raperie. La 24e Cie 500 mètres au Sud comme soutien. Le 5e bataillon à 100 m au Sud. Le régiment est soumis à un feu excessivement violent de grosse artillerie pendant toute la journée ».Le lieutenant Rojot ne figure pas dans la liste des pertes.

            

coll.musée de Joigny

coll. musée de Joigny


Mailly-Le-Camp  près de Sompuis (Ouest de Vitry-le-François) 64 B4

8 septembre 1914       
Frédéric FOUQUIN (20e B.C.P.), âgé de 33 ans, époux d’Adrienne Franchis.
« 8 septembre 1914[24] conformément à l’ordre d’opérations le bataillon quitte Arrembécourt (Nord de l’Aube)  à 2h 30. Il se porte sur la Ferme Neuve (3km ouest de Saint-Ouen) qu’il atteint sans incident à 9 heures. Là le commandant recevait l’ordre de rassemblement de la 13e division d’Infanterie que les 3 bataillons de chasseurs 17e, 20, 21e devaient couvrir depuis les Fénus jusqu’aux bois au Sud Est de la ferme des L’pine. Au centre de ce dispositif le 20e bataillon ayant son gros à la ferme des Monts Marins devait tenir la crête au Nord et les bois au Nord-Est. En exécution de cet ordre le chef de bataillon détacha la 1ère compagnie (capitaine Davignon sur la crête au Nord des Monts-Marins et la 6e compagnie dans les bois au Nord-Est.  (…) A 15heures, le bataillon reçut l’ordre d’attaque de Sompuis. Il devait laisser 2 compagnies en soutien de l’artillerie qui allait s’établir en arrière de la crête au Nord de la ferme des Monts Marins et progresser avec les 4 compagnies sur le saillant Sud-Ouest de Sompuis en marchant entre la route de la ferme de la Custonne à Sompuis et la lisière des bois à l’Ouest . Les 1ère et 6e compagnies furent désignées pour constituer ce soutien. Peu après le bataillon était avisé que le soutien était fourni par le 17e régiment d’infanterie et qu’il allait pouvoir prononcer son attaque avec les 6 compagnies dès que l’artillerie se serait mise en batterie. Le bataillon se préparait à porter son gros en avant lorsque l’ennemi prononça lui-même son attaque à courte distance sur la crête au Nord de la ferme des Monts Marins. Les compagnies du 207e régiment de réserve se repliaient devant cette attaque qui garnissait la crête voisine de la fermes des Essertes d’où elle ouvrait le feu sur les reconnaissances de notre artillerie et sur les attelages plus en arrière ; L’artillerie éprouva immédiatement des pertes assez sensibles et dut emmener ses attelages laissant plusieurs pièces en batterie. Cependant les 1ères et 6e compagnies du 20e bataillon résistaient énergiquement sur leurs emplacements sans arriver à enrayer l’offensive ennemie. (…) Dès que le mouvement offensif du bataillon se dessina, l’ennemi ouvrit un feu intense sur lui. Le bataillon n’en progressa pas moins de manière à couvrir le plus tôt possible les pièces dont l’ennemi n’était plus qu’à courte distance. Puis soutenu peu de temps après par notre artillerie qui avait pris position plus en arrière, le bataillon poussa vivement d’abord jusqu’aux pièces puis jusqu’aux tranchées occupées par l’ennemi que la droite du bataillon chargea même à la baïonnette, tandis que la compagnie de réserve engagée à gauche contenait un mouvement débordant tenté par l’ennemi. L’ennemi ne tint pas devant cette attaque et prit bientôt la fuite, en laissant un nombre considérable de tués et de blessés. Le bataillon poussa à la crête et s’y arrêta conformément aux ordres du chef de bataillon, pour permettre aux autres éléments de la 13e division d’arriver jusqu’à la hauteur et de prendre part au mouvement offensif d’ensemble.  (…) Jusqu’à la fin de la journée, la situation demeura à peu près stationnaire et l’infanterie ennemie ne réapparut pas, mais l’artillerie continua parfois d’une manière intense à canonner nos emplacements tant avec ses grosses pièces qu’avec ses canons de campagne. Les pertes du bataillon durant cette journée , qui a été marquée pour lui par une offensive victorieuse sont assez élevées : elles sont approximativement de 6 officiers (c’est-dire le 1/3 de l’effectif) et de 120 à 150 hommes. »


Reprise en main de la situation : mi-septembre

Vauquois (Nord de Clermont-en-Argonne)
Le 5ième Corps d’Armée : La contre-offensive française est un succès. La IVième Armée du duc de Wurtemberg recule. La situation de la Vième Armée du Kronprinz devient alors délicate. Le 11 septembre, le 5ième C.A. (4e R.I.) refoule l’ennemi vers le nord et le 13, il gagne Vauquois et Varennes. La Victoire de la Marne ne fait plus de doute.
23 septembre   
Lucien René BOUGE ( 4e R.I.), âgé de 32 ans, tué à l’ennemi, époux de Lucie Rinaldi domicilié à Auxerre.


Rembercourt
10 septembre 1914   
Sulpice VAUDREY (4e R.I.), âgé de 32 ans, disparu

Vaubécourt (Ancy-le-Franc)
12 septembre 1914
Léon ROUBEAU (4e R.I.), âgé de 33 ans, époux de Berthe Larue.


dernière page du carnet de campagne de Raymond Wilmo (coll. part. Auxerre)

Raymond Wilmo (coll part. Auxerre)

Raymond WILMO (4e R.I., sergent), âgé de 26 ans, blessé à Vaubécourt, décédé à Ancy-le-Franc, domicilié Place Saint-Mamert à Auxerre. Le Bourguignon donne des  précisions le samedi 12 septembre 1914 : « atteint dimanche dernier, au cours d’un combat dans la Meuse, d’un éclat d’obus au ventre, le sergent réserviste Raymond Wilmo, du 4e de ligne, avait été admis mercredi à l’hôpital d’Ancy-le-Franc, son état ne permettant pas de l’évacuer sur le Midi. Malgré les meilleurs soins, le sergent Wilmo vient de succomber. Le défunt était âgé de 26 ans. Il était originaire de Mailly-la-Ville. Il tenait depuis quelques mois à Auxerre, place Saint-Mamert, la boulangerie de son beau-père, M. Gillet. Le sergent Wilmo laisse deux enfants en bas âge. » Le Bourguignon, lundi 14 septembre : « Une foule énorme a suivi le convoi du sergent réserviste Raymond Wilmo, du 204e, boulanger à Auxerre, inhumé lundi soir au cimetière de cette ville. Outre les fleurs et couronnes qui remplissaient une voiture spéciale, quatre bouquets étaient portés par des pupilles du Réveil Auxerrois. Dans l’assistance, on remarquait le général Vonderscherr, MM. Milliaux, maire d’Auxerre et député, Bacalerie, conseiller de préfecture, représentant M. le Préfet appelé à Tonnerre, Bénard, adjoint, de nombreux officiers et soldats, les membres du bureau et une délégation de la Société de secours mutuels la Prévoyance dont le défunt faisait partie, des membres de l’Union des femmes de France, laquelle avait offert une couronne, de nombreuses délégations de sociétés. Les cordons du poêle étaient tenus par un sous-officier et des caporaux amis du défunt. Au cimetière, M. Milliaux a dit qu’il s’était fait un devoir d’apporter le salut ému de la cité à la mémoire du premier Auxerrois qui, victime de la guerre, pourra reposer près de ceux qui le pleurent.
En termes touchants, il a rendu hommage au noble sacrifice des héros tombés pour assurer le salut de la patrie.
Le docteur Pillot, au titre de voisin, médecin et ami du défunt, a prononcé également d’émouvantes paroles et il a terminé en flétrissant les misérables qui ont préparé et voulu l’horrible calamité qui fait tant de victimes. »
           
22 septembre 1914    
Georges BOVÉ (4e R.I.), âgé de 21 ans, blessé probablement le 6 septembre, tué à l’ennemi le 22 septembre[25], domicilié 5 rue Chantepinot à Auxerre, chez M. Lécolle Paul, un parent.

Condé-en-Barrois

16 septembre 1914    
Ernest GALLON (4e R.I.), âgé de 28 ans, époux de Berthe Badin, domicilié 2
rue de Paris à Auxerre.




Verdun (hôpital militaire)19 septembre 1914    
Fernand ROUSSEAU, (4e R.I.), âgé de 32 ans  domicilié au hameau de
Laborde et avait été nomme garde champêtre en novembre 1913  à Auxerre[26].



La bataille de la Marne laisse espérer un retournement de situation décisif. La lettre du brancardier Albert Croiziard[27]. le confirme.

Lettre du 15 septembre 1914
"Ma chère Emilie


            Je suis toujours en bonne santé, mais ne reçois toujours pas de nouvelles de lui. Je n’ai encore reçu qu’une lettre, mais il ne faut pas que je me plaigne puisque les autres n’en ont pas encore reçu.
            Les Allemands reculent, et nous traversons les pays qu’ils ont envahis. Ce n’est pas un beau spectacle ce n’est que pillage et incendie. Je ne les aurai jamais cru pareils à de tels actes au siècle où nous sommes, ils ne devaient pas en faire autant en 70 et les pays où ils sont passés sont à plaindre. Je t’écris ma lettre à l’entrée d’un pays tout fumant de décombres ou pas une maison est debout.
            J’ai eu le spectacle d’un champ  de bataille au lendemain, ce n’est pas gai non plus. Enfin en ce moment ils sont battus partout et se sauvent au plus vite il faut espérer qu’ils seront bientôt écrasés à tout jamais et que ce soit fini.
            Bien le bonjour à tous
Mille baisers affectueux pour Raymonde et pour toi
Ton petit mari qui pense à toi
Albert

Au moment de finir ma lettre je reçois la carte du 30 août. Je suis heureux que la santé ne va pas plus mal c’est le principal.
Bons baisers

Albert" 
coll. musée de Joigny





             Histoire du 4ième RI…Bibliothèque Municipale Auxerre
             AMA 4H5 dossier des disparus cliché 127_2754
             Histoire du 4ième RI dans Echo d’Auxerre n°38 p46. 1962
             Histoire du 4ième RI dans Echo de Saint-Pierre d’Auxerre, n° 42 pp32




[1]  Auxerre, 1er envoi des diplômes d’honneur, Arch. départ. de l’Yonne 2 R 245
[2] iLe Bourguignon  23 décembre 1914
[3] Le Bourguignon 23 novembre 1914
[4] JMO 21e R.I.C. site SGA / cote 26 N 865/1
[5]           4H5 cahier des morts et disparus d’Auxerre cliché 129_2905, et d’après le SGA
[6]           D’après le registre de l’Etat civil d’Auxerre
[7]           In Histoire du 4ième R.I. dans Echo d’Auxerre n°42 p32
[8] Liste nominative des familles ayant perdu un membre auxquelles est décerné un diplôme à l’occasion de la fête du 14 juillet 1916, ADY 2 R 245
[9]           AMA 4H5 cahier des morts et disparus d’Auxerre. Cliché 2796
[10] Le Bourguignon 17 septembre 1915
[11] JMO 82e R.I. site SGA / cote 26 N665/1
[12] Le Bourguignon,  23 novembre 1914
[13] JMO 82e R.I. site SGA / cote 26 N665/1
[14] BM A Le Bourguignon 9 octobre 1914
[15] Condé-en-Barrois d’après « Historique du 4e R.I. pendant la guerre 1914-1918, Imprimerie Berger-Levrault.
[16] Registres de matricules, ADY 1 R 723
[17] JMO 289e R.I. site SGA / cote 26 N 740/1
[18] Dans le cahier des morts et disparus d’Auxerre (AMA 4H5) le décès est supposé antérieur au 12 septembre. Ainsi que dans Le Bourguignon du 16 juin 1915
[19] Décédé le 6 septembre d’après site SGA, et le 9 septembre d’après AMA, cahier des morts et disparus d’Auxerre, 4H5.
[20] JMO 204e R.I. site SGA / cote 26 N 712/1
[21] JMO 289e R.I. site SGA, cote 26 N740/1
[22] Le Bourguignon, 12 octobre 1914
[23] JMO 289e R.I. site SGA, cote 26 N712/1
[24] JMO 20e B.C.P. site SGA / cote 26 N 823/1
[25]22 septembre d’après  AMA 4H5 dans le cahier des soldats auxerrois morts ou disparus, 23 septembre d’après Le Bourguignon  14 novembre 1914
[26] Le Bourguignon, samedi 10 octobre
[27] Carnet de campagne d'Albert Croiziard, brancardier en 1914, fondateur de l'harmonie municipale "La Vigneronne" en 1925 à Saint-Bris-Le-Vineux.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire