Entre 2002 et 2012, plus de 200 élèves du collège Denfert-Rochereau, du lycée Jacques Amyot ont cité à la cérémonie du 11 novembre les 694 soldats Morts pour la France en précisant le jour et le lieu de décès de chacun d'entre eux. Puisse ce site permettre à nos jeunes de mieux comprendre cette tragique page de l'histoire, à nos familles de rafraîchir leur mémoire éprouvée légitimement par le temps, à nos glorieux soldats de ne pas tomber dans l'oubli.

mardi 5 août 2014

Chapitre 3 Alsace et Lorraine

III. ALSACE & LORRAINE 
           

1. MORHANGE  (Août 14)

Terrain : Plateau largement ondulé d’où émergent des hauteurs boisées, à mi-chemin de Metz et de Sarrebourg, à 25 km de la frontière française.
Enjeu: la France avait placé le gros de ses forces sur la frontière de l’Alsace et de la Lorraine. Il s’agissait avec les 1ère et 2ième Armées de prendre Morhange-Sarrebourg.     Mais dès le 1er août, les Allemands en prévision d’une offensive française avaient organisé complètement et dans le plus grand secret toute la série des hauteurs boisées immédiatement au sud de la voie ferrée Sarrebourg-Benestroff-Morhange et celles de la côte de Delme (tranchées, abris bétonnés, réseaux de fil de fer, positions de batteries enterrées et dissimulées…).
            Le Général Joffre estime que les Allemands manquent d’effectifs pour mener en même temps leurs grandes offensives en Belgique et faire face aux assauts français en Lorraine.

14-19 août 14 l’offensive française
17 août au soir … le 20 CA entre à Château-Salins et lance des reconnaissances au nord.
18 août …le 20 CA se porte sur les hauteurs ouest du couloir Château-Salins-Morhange.
19 août … le 20 CA progresse vers Morhange. Ses premiers éléments (4° bataillon de chasseurs) se heurtent aux avant-postes ennemis et sont accueillis devant Pevange par un feu violent d’artillerie et de mitrailleuse.

Morhange
20 août 14
Après une progression relativement rapide et facile (14-19 août) les divisions françaises se trouvent face à un dispositif puissant de l’ennemi placé en hauteur. Les crêtes étaient organisées, tranchées bétonnées, précédées de réseaux de fil de fer, équipées de mitrailleuses. En arrière : batteries lourdes et légères d’artillerie.
            Sur le vaste front de bataille, à découvert, les vagues d’assaut des « pantalons rouges » s’apprêtaient à mourir au pied des crêtes, clouées sur place.
      Paul AUBRY, (37ième RI ) âgé de 19 ans, pupille APY,
      Edmond BERNIS,( 37ième RI) âgé de 24 ans, charcutier à Metz,
      André CHEVILLON, (37ième RI , caporal dans la 9e Cie commandée par  capitaine Boulanger, 3e bataillon  sous le commandement du chef de bataillon de Fontainieu) âgé de 22 ans, tombé au champ d’honneur, domicilié 73 rue du Pont à Auxerre. « Mme Chevillon, gérante de pâtisserie, rue du Pont, 73, vient de recevoir l’avis officiel du décès de son fils dont elle était sans nouvelles depuis un an. Caporal au 37e régiment d’infanterie, andré Chevillon est mort au champ d’honneur le 30 août à Morhange. Il aurait eu 24 ans le 21 juillet dernier. Avant d’être appelé au service militaire comme soldat de la classe 1911, le défunt était dessinateur aux bureaux de al voirie municipale. Sa mère, veuve, n’avait que cet unique enfant ; ayant perdu antérieurement un autre fils. « [1]

« 20 août[2], à 3h du matin, les 2e et 10e Cies vont réoccuper la crête à l’Est de Pévange. A 4h l’Infanterie allemande soutenue par une nombreuse artillerie, attaque concentriquement le village de Conthil. A 5h, les 2e et 10e Cies sous les ordres du Commandant de Fontainieu, sont également attaquées par une infanterie nombreuse venant de Morhange et se trouve en butte aux coups de l’artillerie établie au S.O. de Morhange et au sud de Marthille. Le village de Metzing est mis en état de défense par les 9e et 12e Cies tandis que le 2e bataillon est appelé d’Haboudange au S. de Metzing.  Les 7e, 8e et 5e Cies sont successivement envoyées pour renforcer les 10e et 2e cies. Le feu d’infanterie et d’artillerie est excessivement violent. Des fantassins allemands tirent des fenêtres de la caserne de Morhange. Les capitaines Humbert et Bruquières, le lieutenant Vaudey sont tués.  (…)Les compagnies sont décimées. Le Commandant de Fontainieu malgré sa blessure conserve le commandement de son bataillon pendant 3 heures.
A 11 heures, la colonne donne l’ordre aux Cies de 1ère ligne établies à l’E. de Pévange de se replier sur les hauteurs au S. de Riche.  Le mouvement est protégé par les 9e et 12 établie à Metzing et par la 6e Cie qui va tenir Riche et les hauteurs au S. de Riche. Pendant ce temps, les éléments qui défendaient Conthil avaient été obligés de l’évacuer et s’étaient reformés sur la croupe N. de Lidrequin.
A 12h30, le général commandant le 11e division donne l’ordre au 37e et au 79e de se reporter par Château Voué sur Morville-les-Vic [ au sud]  en coupant par la droite pour s’y reconstituer. (…)




Plan tiré de Guides Michelin…Metz-Morhange p.36


Conthil ( haut Koecking) (au sud de Conthil et de Morhange)
20 août 1914               
René BAUDRY, (69ième RI, caporal) âgé de 22 ans, plâtrier dont les parents demeurent à Auxerre, rue du Pont, 3, «  a été tué sur le champ de bataille »[3].
« 20 août[4] le chiffre approximatif des pertes était pour les sous-officiers et soldats de 695. Il serait trop long de citer tous les actes d’énergies de bravoure ou de sang-froid. (…)  le 3e bataillon, qui avait reçu à la cote 343 à 22h le 19 l’ordre de se porter à Sotzeling [ O. de Koecking]à la disposition du général de Brigade (la 22ème), avait été de là renvoyé à Wuisse où il était arrivé  vers 0.30. Sa mission consistait à assurer la liaison avec le 15e corps qui fut établie. »

21-23 août 14 la retraite et le rétablissement français sur de nouvelles positions


2. LA TROUÉE de CHARMES (25 août 1914)


Gerbévillers (95 D1) Sud est de Lunéville

30 août 1914    
Henri WOLFF (chef du 4ème  bataillon du 36e R.I. Coloniale, régiment de réserve rattaché au 6e R.I. coloniale, âgé de 42 ans), tué au combat, famille domiciliée au 3 rue Gérot à Auxerre. En 1917[5], sa femme domiciliée rue V. Martin , inscrit sa fille Lucienne (née en 1915) à l’école maternelle, rue de Paris. Premier nom figurant dans la rubrique « Nos tués et blessés » du Bourguignon, daté du 7 septembre 1914, il est fait mention de ses fières origines, « fils d’un Alsacien vaillant  entre tous». Le 36e R.I. coloniale a combattu les 26-28 août à Einvaux, Remenoville et Gerbévillers, le 28 août à Xermaménil et le 29 août à Lamath.
« 27 août[6] le 36e colonial reçoit l’ordre d’aller cantonner à Remenoville : il s’y installe à 20 heures.
28 août  attaque par le bois de Guilgnebois et de l’Avelny sur la Hongrie pour forcer le passage de la Mortagne. Le 36e est en réserve dans le bois de Guilgnebois. A 17 heures, le Régiment se porte par le bois de Lavelny et le ravin de la Hongrie sur le viaduc de la voie ferrée à 1200 m sud-est de Gerbéviller. Une Compagnie va occuper la route Gerbeviller moyen pour couvrir le gué de la Mortagne marqué sur la carte au 80.0000ème à l’est de la cote 247. Deux compagnies occupent Gerbéviller. 29 août Vers 3 heures, le 36e colonial reçoit l’ordre d’attaquer les crêtes au nord de la Mortagne vers la cote 282. Il prend pied sur les pentes sud de ces crêtes sous le feu violent de l’artillerie allemande. Une batterie ennemie installée probablement vers les bois du Sorbier, prend en enfilade toute la vallée de la Mortagne jusqu’à Gerbéviller et nous fait subir des pertes sensibles. A 19h le 36e colonial reçoit l’ordre de quitter ses positions et de venir bivouaquer sur ses anciens emplacements (viaduc et ravine de la Hongrie). 30 août  La 147e brigade, profitant du brouillard, attaque les positions allemandes (Bois du Haut de la Laxe, bois des Rappés, bois du Four). 6e Cie du 36e colonial, sur la gauche de la brigade (gauche du 222me d’infanterie) se portent par la cote 288 et la vallée de la Falenzy sur la lisière des bois où l’ennemi s’est fortement retranché. Deux Cies, les 14e et 15e restent à Gerbéviller. Les Compagnies engagées subissent des pertes énormes ? Tous les officiers disparaissent. Les renseignements précis sur ce qui s’est passé exactement manquent, mais il est probable que les Cies ont été surprises lorsque le brouillard s’est dissipé. Elles se seraient probablement trouvées à découvert à courte distance des tranchées allemandes organisées à la lisière du bois ; (…) »

Crévic-Haraucourt (nord de Lunéville) 68 C4
25 Août 1914              
Marius GIRARD, (156ième R.I., caporal fourrier) âgé de 22 ans, enfant assisté, typographe,  blessé au combat de Juvrecourt les 14-15 août[7]
« Opérations des 24 et 25 août 1914[8] : le 24 août à 5h30 le 2e bataillon rassemblé près de la ferme Saint-Louis recevait l’ordre d’attaquer la lisière E. du village d’Harancourt. Le village n’étant pas occupé, le bataillon gagne la lisière (…) et où il s’installe pour passer la nuit.  Le lendemain, 25 août, 5h, le bataillon reprend sa marche en avant sur le front : Drouville (…) Les 2 Cies de 1ère ligne s’y installent. (…) Vers 8h30, les balles commencent à tomber sur la lisière E. du Bois de Crépic. La 8e Cie reçoit l’ordre de venir se déployer à la lisière E. du Bois de Crépic à la gauche de la 7e Cie. A partir de ce moment le bataillon a à soutenir un combat défensif très vif et sous un feu meurtrier de mitrailleuses ennemies. Le 8e bataillon tient la lisière E. du Bois pendant toute la journée ; à un moment, n’ayant plus de munitions les hommes se replient un instant. Sur l’ordre du colonel de rester sur la position quand même et d’agir, s’il est besoin avec la baïonnette, cette Cie reprend sa place de combat et continue la lutte en s’approvisionnant comme elle peut des cartouches des morts et des blessés. Elle ne quitte le combat qu’à la dernière extrémité quand les Allemands arrivent à l’abordage vers 5h 30 du soir. La 7e Cie a également très bien combattu s’étant repliée par 2 fois, elle a prononcé à chaque fois un retour offensif, pour reprendre sa position de combat elle ne s’est repliée également qu’à la dernière extrémité ;  (…) pertes : 5 sous-officiers et 474 disparus»

Courbesseaux (Champenoux) (Est de Nancy)
Le 25 août 14, la 140ème  brigade française, chargée d’en déboucher et de se rabattre sur le Sanon, sortit en lignes de sections, colonnes par quatre, se fit faucher par les mitrailleuses (un régiment perdit 65% de son effectif) et dut, le soir, abandonner le village aux Allemands.

25 août 1914   
Léon François BALOCHE, (279ième RI, 19e Cie ), âgé de 26 ans, tué à l’ennemi, à Courbessaux (Crévic), tourneur, marié domicilié 7 place des Véens à Auxerre.

André CHARRIER ( 279e R.I. 17e Cie) âgé de 26 ans, tué à l’ennemi, domicilié 7 rue des Bons enfants à Auxerre

Ernest Louis GERMAIN (279e R.I., 17e Cie), âgé de 25 ans, tué à l’ennemi d’après le jugement rendu le 4 janvier 1917 par le tribunal d’Auxerre et transcrit le 17 janvier 1917 à Chablis, domicilié 4 rue Darnus et sa famille au 88 rue du Pont à Auxerre.

Roger MARTIN[9] (sergent d’infanterie au 279e R.I.), âgé de 28 ans,
« juge suppléant au tribunal civil d’Auxerre, tué à l’ennemi. Un ami du défunt consacre à sa mémoire les lignes que voici : Nous apprenons avec chagrin la mort de M. Roger Martin, juge suppléant au tribunal d’Auxerre, tué à l’ennemi, le 25 août, en contribuant à la défense de Nancy, où habite toute sa famille et où son père exerce les hautes fonctions de président de chambre à la Cour d’appel. Il est mort bravement, face à l’ennemi à 2 heures du soir, alors que, depuis le matin, il entraînait ses hommes –il était sergent- sous une grêle de balles. Roger Martin n’était pas seulement un magistrat travailleur, intelligent, consciencieux, qui aura marqué brillamment sa place au tribunal et au parquet d’Auxerre : c’était un garçon plein de cœur, infiniment sympathique, d’une droiture au-dessus de l’éloge. Ce jeune homme charmant meurt à 28 ans, dans l’accomplissement du grand devoir. En le pleurant en même temps que les siens, à la douleur desquels ils s’associent profondément, ses amis maudiront une fois de plus le monstre qui a voulu et déchaîné une pareille guerre. – L.L. » [Le Bourguignon, 10 octobre 1914]   

Camille ROGUIER  (279e R.I., 17e Cie), âgé de 26 ans, tué à l’ennemi, marié et domicilié 7 rue Darnus à Auxerre.


Metz
30 août 14       
Fernand MARTIN,( 47ième RI avant au 89ième RI, 17e Cie du 204e R.I.[10]), âgé de 29 ans, mort à l’Hôpital de fortune de Metz-Montigny en tant que prisonnier de guerre, époux de Germaine Plait, domicilié à Les Chesnez à Auxerre.
Frescaty (près de Metz)

3 septembre 1914        
Paul FOYET, (69ième RI ), âgé de 22 ans, pupille APY, domicilié place Charles Lepère.

3. Le GRAND-COURONNÉ  ( 20 août – 10 Septembre 1914)

Site    
Il s’agit d’une couronne de hauteurs boisées aux pentes abruptes du nord de Nancy jusqu’à Pont-à-Mousson. Parmi les crêtes figure celle de « Sainte-Geneviève ».
            En 1913, le Grand Couronné est mis en défense mais les travaux ne commencent qu’ en 1914. Le général Foch, qui commandait alors le 20ème  Corps à Nancy, eut beau accélérer les travaux, ceux-ci étaient loin  d’être achevés au début du conflit.
Les combats acharnés  que livre la 2ième Armée française  entre le 20 août et le 12 septembre, permirent au général Joffre d’étayer sa manœuvre de la Marne.

Evènements précédents
Après l’échec essuyé à la Trouée de Charmes (25 août), l’ennemi cherche un passage plus à l’Est (Bataille de la Mortagne, 28 Août) se glisse en vain le long des Vosges (bataille de la Haute-Meurthe, 5 septembre) et remonte enfin au nord et fonce sur Nancy. (Bataille du Grand-Couronné 4-12 septembre 14)

Bataille de la Mortagne

Col de la Chipotte Offensive allemande du 25 août- 12 septembre
Pour gagner Rambervillers, les Allemands doivent prendre les points d’appui, la Grande Pucelle et la Chipotte.






Plans tirés de Guides Michelins… Alsace- Combat des Vosges, pp.82-83

25 août 1914   
Marcel GRAVEREAU (47ième R.I.[11] , 60e B.C.P. 8e Cie), « du 60ième bataillon de          chasseurs de réserve, ancien employé à la Maison Soisson, a été tué d’une balle au front en Lorraine »[12] à l’âge de 28 ans, comptable, marié sans enfant. 
           
Le 23 août, le Général Dubail (1ière Armée) arrête la retraite et ordonne de se tenir prêt à l’offensive. Le 25 août la 1ière Armée a l’ordre de se porter en avant. Mais les Allemands dès le matin avancent également. Le XIVième corps allemand prend Raon-l’Étape, et franchit la Meurthe. Les Français se retirent par la forêt de Sainte-Barbe, sur le Col de la Chipotte.
            Le 26 août, les Allemands encerclent les troupes du 21 CA, réfugiées au Col de la Chipotte. Une contre-attaque française, à la baïonnette, le soir en plein bois, dégage le col que les avant-postes du 21ème   CA tiennent la nuit.
           
La bataille de la Marne impose des prélèvements de régiments de la 1ière Armée. Mais le Col de la Chipotte après plusieurs assauts et contre-assauts reste entre les mains des Français. Entre le 10 et le 13 septembre les Allemands se replient, le front se stabilise.




Plan tiré de Guides Michelin…Alsace Combat des Vosges. p. 8

Bataille du Grand Couronné
Flainval
7 septembre 1914        
«Le régiment[13] s’installe sur les positions comme il a été indiqué dans le compte rendu de la journée du 6. Les Cies continuent l’organisation de la position, qui est soumise à un violent bombardement à certaines heures de la journée. Dans l’après-midi, le colonel de Lobit reçoit l’ordre de prendre le commandement provisoire de la 22e Brigade.

8 septembre 1914        
Le régiment occupe et continue à organiser solidement la position sur laquelle il se trouve. »
Maurice MASQUELET, (37e R.I.)  24 ans, marié à Georgette Brunin meurt à la suite de bombardement sur les hauteurs de Flainval[14].




    







Plan tiré Metz-Morhange Guides illustrés Michelin des Champs de Bataille, 1919 p4


4. DONON- SCHIRMEICK (Août 14)

Stratégie : Pour aider la 2ième Armée qui prépare la bataille de Morhange, des manœuvres ont lieu dans les vallées alsaciennes et dans le Sundgau. Il faut occuper les forces allemandes pour qu’elles ne puissent porter renfort à Morhange.
           
Les Allemands cherchent coûte que coûte à percer par la Trouée de Charmes. Devant la résistance de la 2ième Armée, ils se glissent  le long des Vosges pour se frayer un passage par Rambervilliers.
Les combats ont lieu dans un terrain propice à la défense, les Vosges moyennes, au relief extrêmement confus.
La lutte sera une succession ininterrompue de retraites partielles et de retours offensifs, flux et reflux d’adversaires qui ont tous les deux, chaque jour l’ordre d’attaquer ; lutte de petits groupes, acharnée et sanglante, corps à corps dans la forêt où l’on s’abordera souvent à l’arme blanche après s’être fusillé presque à bout portant derrière les souches et les taillis.

Opérations de Schirmeick – Vallée de la Bruche








Plan tiré de guides Michelin… Alsace- Combat des Vosges. p.91

Le 21 CA (23 DI) se porte de Saint-Dié à Saales.
Le 13 août 14, l’artillerie s’installe sur les crêtes menant au Donon et domine la vallée de la Bruche.
Mont Donon (1 008m), les troupes françaises s’emparent du massif et font 500 prisonniers. De la vallée de la Bruche, l’Etat Major convoite Strasbourg.

Les commentaires de la presse…
18-19 août 14, le « Bourguignon » :
« Les Français sont au col des Vosges. Pendant que les Allemands ont repris Sainte-Marie aux Mines,  Saales et le village de Villé. Les Français occupent Guebwiller, chef-lieu de 13 000 habitants et à 27 km sud-ouest de Colmar. »
            Un communiqué explique que les Français ont remporté un brillant succès, particulièrement entre Mulhouse et Altkirch.

Schirmeck 70 B4
19 août 1914               
Georges BERTHIER, ( sergent dans la 7e ou 9e Cie, 57e bataillon Chasseurs), âgé de 25 ans, employé
Albert GILBERT, (7e ou 9e Cie, 57ième  bataillon Chasseurs ) âgé de 24 ans, le 8 novembre 1915 « on ignore les circonstances (nouvelle communiquée par l’ambassadeur d’Espagne à Berlin),  lettre de l’ambassade royale d’Espagne à Paris. »[15], ouvrier typographe,[16] marié et domicilié rue Basse Moquette.
Gaston Maurice SAUTEREAU ( sergent dans la 7e ou 9e Cie,57e B.C.A.) âgé de 24 ans, né à Auxerre
Le journal du bataillon donne avec précision les circonstances de leur disparition, l’âpreté  du combat dans les bois, les difficultés à dénombrer les pertes.
« 18 août[17]  Le 57e Bataillon maintient un bivouac au Donon à 18 heures le Bataillon reçoit l’ordre de porter à Schirmeck avec 3 Cies du 20e Bataillon. La 8e Cie est restée au bivouac, il quitte son bivouac à 20h30 et arrive à Schirmeck à 23 heures.
19 août à 2 heures une Cie (10e) est maintenue à Schirmeck comme garde du quartier général de la Division, les 7e et 9e se portent à Hersback à la disposition du colonel commandant la 26e brigade qui leur donne comme mission de couvrir l’artillerie établie à 2 km N.O. du village. A 5h30 les 2 compagnies arrivent aux batteries (…) établissent alors au carrefour 610 mètres sud-ouest de la cote 597 et surveillent les chemins conduisant vers le nord dans la vallée Ouest de Wisches. Vers 8h l’infanterie ennemie menace le flanc gauche des batteries. La 9e Cie est portée dans cette direction à la lisière du boir pour couvrir l’artillerie. 9h30 elle est remplacée par 1 bataillon du 109e. Elle revient en 2e ligne à la Maison Forestière pendant ce temps la 7e Cie est établie avec les mitrailleuses à 200 m Ouest du carrefour. A 10h sur l’ordre du Colonel commandant le 109e infanterie prendre de l’offensive à la gauche des batteries : 7e Cie en 1ère ligne, 9e en 2e ligne avec Mitrailleuses ; l’artillerie abandonne sa position et se retire vers le Donon. 10h30 l’attaque ne réussit pas ; la 9e vient reprendre avec les mitrailleuses sa position à 200m du carrefour. LA 7e Cie commence une retraite par échelon, mais l’attaque ennemie déborde son front et elle se trouve bientôt cernée à l’exception d’une section qui rejoint la 9e. 11h 15 Plus personne devant le front de la 9e mais on voit à travers bois des mouvements de  troupes sur les deux flancs. Le colonel du bataillon fait ouvrir le feu sur une troupe ennemie à cheval qui passe devant le front et donne l’ordre de retraite aux mitrailleuses sur le Donon. Le mouvement débordant sur les deux flancs s’accentue de plus en plus dans un bois très épais et la retraite devient plus impérieuse. Vers 11h50 une forte attaque débouche sur bois à 50m sur le flanc gauche. Le détachement se trouve coupé en deux, les mitrailleuses et une section de la 9e Cie se retirent par le versant nord du Donon, les trois autres sections par le secteur sud. Puis 15h30 le détachement se rassemble au bivouac ramenant avec lui plusieurs blessés. Plusieurs égarés rejoignent dans la journée et dans la nuit. Pertes de la journée : 2 officiers, 66 blessés ou disparus. A 5h prise d’arme. A l’appel on constate l’absence du capitaine (…) et 77 sous-officiers et chasseurs. Dans ce nombre, 12 blessés, 6 évacués, les autres absences ne peuvent être comptées que comme disparus ; Les pertes s’étant produite dans un mouvement de retraite, il n’a pas été possible de préciser la cause de la disparition (tués, prisonniers ou blessés). »

« L’Illustration »
1914, 2ième semestre, PP.170-171 Photo de Schirmeck
« nous progressons dans la Vallée de Sainte-Marie et de Villé. Dans la vallée de la Bruche, nous continuons fortement appuyés sur le Donon, à nous avancer dans la direction de Strasbourg ».
Mont Donon

21 août 14                    
Jean GUILLIET (sergent au 57e B.C.A.),  27 ans, marié à Antoinette DELOSTAL, fils du directeur de l’usine Guillet & James.
« 21 août[18] 4h30 sur l’ordre du général du brigade, attaque au petit Donon 7e et 9e cies en 2e ligne derrière le 21 bataillon : direction le sommet du petit Donon. Un peloton de la 8e Cie (Lt Weiss) se porte sur le versant Est du grand Donon se joindre à une Cie du 21e bataillon. La 10e Cie gravit les pentes Nord du Grand Donon ; un peloton de la 8e Cie (Lt Auboux) est envoyé à Grandfontaine se joindre au 60e bataillon. Le terrain d’attaque est à pentes raides couvert de petits sapins très serrés,d’une traversée difficile. En arrivant près de la crête, la 1ère ligne se heurte à des barrières de fil de fer garnis de défenseurs. Elle est repoussée et son échec entraîne le retrait de toutes les troupes d’assaut. En battant en retraite, elles trouvent le col entre Donon, occupé par l’ennemi. Elles s’écoulent dans un feu en désordre sur les flancs E . et O. du Donon. (…) un officier disparu, un blessé, 160 gradés et chasseurs disparus. Le bataillon cantonne dans les hameaux du Taurupt  et Halbach près Vexaincourt. »  Le lendemain matin, les unités sont reconstituées.
 « L’Yonne », Lundi 24 Août1914
« sur l’importance stratégique de cette position »
« qu’on imagine une tour massive faisant saillie sur un rempart et près de deux fois plus haute que lui, et l’on se représentera exactement ce qu’est , à l’extrémité septentrionale        des Vosges alsaciennes, le massif du Donon occupé par nos troupes.
            L’importance stratégique du Donon avait été reconnue, bien avant César, par les Gaulois. Comme au Mont Beuvray et au promontoire voisin de Sainte-Odile, ils y avaient construit un vaste camp retranché.
            C’est l’occupation du Massif du Donon qu’il a permis notre marche en avant vers Sarrebourg.
            Sarrebourg, à l’entrée de la route de Saverne, est sur la rive droite de la Sarre. Les deux portes de la Lorraine sur l’Alsace s’ouvrent sur sa rive gauche : couloir de Morhange à Fénestrange, au nord-ouest. »

Abandon de l’Alsace

Abreschviller (nord du Donon, Vosges 70 B3)
21 août 1914   
Edmond LABOUROT (sergent 149e R.I.) tué à l’ennemi, né le 9 janvier 1885 à Vincelottes. « fin glorieuse du sergent Edmond Labourot, neveu de M. Lagneau, directeur d’assurances, et gendre de l’ancien et très regretté professeur d’anglais du collège d’Auxerre, M. Janin. »[19]

Croix Brignon (col du Donon, Vosges)
22 août 1914  (lieu non retrouvé).
Albert CALMENT, ( 60e bataillon de chasseurs à pied, 8e Cie dirigée par le capitaine Jacques), cultivateur vigneron à Laborde, commune d’Auxerre, âgé de 30 ans, marié et père d’une enfant[20].
« Samedi 22 août[21] à 8h le bataillon en réserve à Vexaincourt avait l’ordre d’envoyer une compagnie à La Croix Brignon  pour barrer ce couloir et établir la liaison entre les avants portes de la 25e brigade qui sont au Donon et l’aile gauche du 14e corps qui occupe le col du Prayé. La 8e compagnie (capitaine Jacques) est désignée pour remplir cette mission et part du cantonnement à 8h30 . On adjoint au capitaine Jacques 6 bûcherons du pays pour l’aider dans les travaux défensifs à exécuter. La Cie atteint la Croix Brignon sans encombre, elle y trouve une section du 52e de ligne élément de gauche du 14e Corps. La liaison est donc établie et les travaux d’organisation commencent immédiatement. (…) à 14h un sous-officier, le sergent Rainelant (8e Cie) vient rendre compte que la 8e Cie se retire de la Croix Brignon où elle s’est trouvée aux prises avec un détachement ennemie évalué à un bataillon et une Cie de mitrailleuses ; engagement dans lequel elle a perdu son capitaine et une tentaine d’hommes. Au vue de ce renseignement, deux compagnies sont poussées dans la vallée de la Croix Brignon. 10e (Cie) route principale, 9e  (Cie) chemin de la maison forestière (…) Les patrouilles ne rapportent aucun renseignement sur l’ennemi ; les blessés ou isolés de la 8e Cie qui rejoignent disent cependant qu’il poursuit sa marche. Dans la vallée de la plaine, un violent combat se déroule jusqu’à la nuit. La liaison des torupes qui combattent dans cette vallée est assurée par 2 compagnies du 20e bataillon de chasseurs qui se retranche sur l’Eperon à l’E. de Vexaincourt. (…) La 8e Cie qui était allée se reformer à Allarmont reçoit l’ordre d’y passer la nuit et de rejoindre le bataillon le lendemain matin pour 4 heures. (…) Etat des pertes : 11 tués dont CALMENT, 13 blessés, 8 disparus. »

23 août 14, le plan de la Haute-Alsace est modifié car la situation « Mons-Charleroi-Namur » préoccupe l’Etat Major. Dans un communiqué du 25 août, le ministre disait : « ma Grande bataille est engagée entre Maubeuge et Donon ; C’est d’elle que dépend le sort de la France et de l’Alsace avec elle. C’est au nord que se joue la partie et c’est là que le général en chef appelle pour l’attaque décisive toutes les forces de la Nation ».

Autres lieux :
Hesse  (près de Sarrebourg) (69 F3)
20 août 1914               
Joseph MIGAT (capitaine 98e R.I, 3e Cie ), âgé de 42 ans, mort de blessures de guerre, domicilié 21 rue d’Orbandelle à Auxerre.
Journée difficile, confuse où dans la nuit, égarés des bataillons se trouvent contre les tranchées ennemies et se tirent même dessus par mégarde.
« à 3h 30 le régiment[22] quitte son cantonnement pour aller à son emplacement de rassemblement articulé de la veille au soir (E. de Vitting). Il y est rendu à 4h. La 25e division est en réserve d’armée. Par ordre de la division daté de 8h35, la 50e brigade doit tenir région hesse, Houchenhoff, Schneckenbuseh, pour soutenir la droite du 8e Coprs qui attaque dans la direction de Reding partant de Sarrebourg et Bühl. Le 2e bataillon marche à 9h30 sur Schneckenbusch. Le 1er bataillon doit soutenir l’AD 25 et se porter sur la pente orientale de la croupe 330. Le 3e bataillon s’établit à l’E. de Hesse en rassemblement articulé. Le 2e bataillon gagne Schneckenbusch par le biais de Juingfort. Il occupe la lisière N. du village et s’étend vers l’ouest le long du canal ; il est assailli par un feu violent d’artillerie et d’infanterie et subit de nombreuses pertes ; Il tient pendant deux heures environ , mais finit par être obligé d’abandonner le village et résiste difficilement le long du canal vers Neuhoff. Le 3e bataillon est rapproché derrière le bois de Juingfort pour recueillir le 2e. Le 2e bataillon qui ne peut plus tenir à Schnekenbusch et au canal reflue sur le bois de Juingfort et le long du canal. Sa retraite est soutenue par des éléments du 3e bataillon. La retraite se poursuit jusqu’à Hesse poursuivie par l’artillerie qui a incendié Schnekenbusch et qui courve le bois de Juingfort, les abords du canal de projectiles.
Le 2e bataillon se reforme, tant bien que mal à hauteur du N. de Hesse derrière un talus. Vers 17h, le régiment reçoit l’ordre de se porter en avant sur Bühl et la partie Est de Sarrebourg. Toutes les autres troupes doivent aussi reprendre l’offensive ; Deux compagnies du 1er bataillon qui est en soutien  d’AD 25 depuis le matin à l’est de la côte 330 ont pu être rappelées et le régiment se porte à l’attaque dans la direction de Neuhoff (1er bataillon, puis 3e, puis 2e). Jusqu’au pont sur le canal, le régiment progresse sans pertes. Après le pont du canal, il est assailli par les feux d’artillerie et d’infanterie ; ceux-ci partant de tranchées placées à hauteur de Bühl. La nuit est complète lorsque malgré des pertes énormes le régiment , mal orienté, divisé arrive près des tranchées allemandes ; des fractions du régiment ou de régiments voisins se seraient même tirés dessus. Le 1er bataillon est arrivé à l’abordage et son chef le commandant de Fabrègues a été blessé, et fait prisonnier. La partie du 2e bataillon restée du côté de la côte 330 avait marché à l’attaque avec le 86e. Le 2e bataillon n’est pas allé jusqu’aux tranchées, le 3e non plus. Il y a eu méprise ou panique on ne sait au juste, et les débris du régiment ont rétrogradés sous le feu de nuit de l’artillerie et de l’infanterie sur le pont du canal et sur Hesse. ( ;) Le régiment, après s’être reformé a cantonné à Hesse. »

Moyenmoutiers (Nord de Saint-Dié, Vosges) 95 F2

25 août 1914               
Antoine Marie Charles de VAUCORBEIL (élève de Saint-Cyr, sous-lieutenant (active) dans la 2e Cie, 1er bataillon du 140e R.I), âgé de 20 ans, tué à l’ennemi, né le 19 février 1894 à Le Bouscat (Gironde).

« 25 août[23] 3h30, le 1er bataillon et l’E.M. quittent Petite-Raon pour se porter sur La Chapelle où s’opère sa jonction avec le 3e bataillon qui y est cantonnée.

(…)

7h L’E.M. , les 1er et 3e bataillons se rassemblent au Pouchion en exécution d’un ordre d’attaque du Général Ct la 27e division. Le lieutenant-colonel prend le commandement du Régiment.

7h30, le 1er bataillon se porte en avant. Objectif : Moyenmoutier-Prayel. (…)

15h15 2 cies du 2e bataillon (7e et 8e) sont portées sur Saint-Blaise pour appuyer l’action du 22e Régiment d’Infanterie. (…) En exécutions de l’ordre de stationnement de la division, les compagnies engagées (1er bataillon, 7e et 8e Cies) passent la nuit sur leurs positions.

(…)

Pertes de la journée : Capitaine Vernisy blessé, sous-lieutenant de Vaucorbeil disparu, hommes de troupe : 4 tués, 1



[1] Le Bourguignon 18 août 1915
[2] JMO 37e R.I site SGA/ cote é6 N 612/9
[3] Le Bourguignon,  samedi 10 octobre
[4] JMO 69e R.I. site SGA / cote 26 N 658/1
[5] register de matricule de l’école maternelle de Paris (Ville d’Auxerre), années 1917-1918-1919, collection O.C.
[6] JMO 36e R.I., site SGA / cote 26 N 866/8
[7] JMO 156e R.I. site SGA / cote 26 N 699/6
[8] JMO 156e R.I. site SGA / cote 26 N 699/6
[9] Le Bourguignon, 10 octobre 1914
[10] AMA, 4H5 cahier des morts et disparus d’Auxerre
[11] Mairie d’Auxerre, Registre de l’Etat civil
[12] BMA, Le Bourguignon, jeudi 10 septembre 1914
[13] JMO 37e R.I. site SGA/ cote 26 N 612/9
[14] fiche “Morts pour la France”, site SGA
[15] AMA, 4H5 Cahiers des morts et disparus d’Auxerre (cliché 127_2802)
[16] Le Bourguignon  2 novembre 1915
[17] JMO du 57e B.C.A. rattaché au 21e C.A., site SGA / cote 26 N 831/1
[18] JMO 57e B.C.A. site SGA / cote 26 N 831/1
[19] Le Bourguignon  14 mai 1915
[20] Le Bourguignon,  12 octobre 1914
[21] JMO 60e B.C.P. site SGA / cote 26 N 832/6
[22] JMO 98e R.I. site SGA / cote 26 N 672.16
[23] JMO 140e R.I. site SGA / cote 26 N 691/1

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