III. ALSACE & LORRAINE
1. MORHANGE (Août 14)
Terrain :
Plateau largement ondulé d’où émergent des hauteurs boisées, à mi-chemin de
Metz et de Sarrebourg, à 25 km de la frontière française.
Enjeu: la France
avait placé le gros de ses forces sur la frontière de l’Alsace et de la
Lorraine. Il s’agissait avec les 1ère et 2ième Armées de prendre
Morhange-Sarrebourg. Mais dès le 1er
août, les Allemands en prévision d’une offensive française avaient organisé
complètement et dans le plus grand secret toute la série des hauteurs boisées
immédiatement au sud de la voie ferrée Sarrebourg-Benestroff-Morhange et celles
de la côte de Delme (tranchées, abris bétonnés, réseaux de fil de fer,
positions de batteries enterrées et dissimulées…).
Le Général
Joffre estime que les Allemands manquent d’effectifs pour mener en même temps
leurs grandes offensives en Belgique et faire face aux assauts français en
Lorraine.
14-19 août 14
l’offensive française
17 août au soir …
le 20 CA entre à Château-Salins et lance des reconnaissances au nord.
18 août …le 20 CA se porte sur les hauteurs ouest du
couloir Château-Salins-Morhange.
19 août … le 20 CA progresse vers Morhange. Ses
premiers éléments (4° bataillon de chasseurs) se heurtent aux avant-postes
ennemis et sont accueillis devant Pevange par un feu violent d’artillerie et de
mitrailleuse.
Morhange
20 août 14
Après une progression relativement rapide et facile (14-19
août) les divisions françaises se trouvent face à un dispositif puissant de
l’ennemi placé en hauteur. Les crêtes étaient organisées, tranchées bétonnées,
précédées de réseaux de fil de fer, équipées de mitrailleuses. En
arrière : batteries lourdes et légères d’artillerie.
Sur le
vaste front de bataille, à découvert, les vagues d’assaut des « pantalons rouges » s’apprêtaient à
mourir au pied des crêtes, clouées sur place.
Paul AUBRY, (37ième RI ) âgé de
19 ans, pupille APY,
Edmond BERNIS,( 37ième RI) âgé
de 24 ans, charcutier à Metz,
André CHEVILLON, (37ième RI ,
caporal dans la 9e Cie commandée par
capitaine Boulanger, 3e bataillon sous le commandement du chef de bataillon de
Fontainieu) âgé de 22 ans, tombé au champ d’honneur, domicilié 73 rue du Pont à
Auxerre. « Mme Chevillon, gérante de
pâtisserie, rue du Pont, 73, vient de recevoir l’avis officiel du décès de son
fils dont elle était sans nouvelles depuis un an. Caporal au 37e
régiment d’infanterie, andré Chevillon est mort au champ d’honneur le 30 août à
Morhange. Il aurait eu 24 ans le 21 juillet dernier. Avant d’être appelé au
service militaire comme soldat de la classe 1911, le défunt était dessinateur
aux bureaux de al voirie municipale. Sa mère, veuve, n’avait que cet unique
enfant ; ayant perdu antérieurement un autre fils. « [1]
« 20 août[2], à 3h du matin, les 2e et 10e
Cies vont réoccuper la crête à l’Est de Pévange. A 4h l’Infanterie allemande
soutenue par une nombreuse artillerie, attaque concentriquement le village de
Conthil. A 5h, les 2e et 10e Cies sous les ordres du
Commandant de Fontainieu, sont également attaquées par une infanterie nombreuse
venant de Morhange et se trouve en butte aux coups de l’artillerie établie au
S.O. de Morhange et au sud de Marthille. Le village de Metzing est mis en état
de défense par les 9e et 12e Cies tandis que le 2e
bataillon est appelé d’Haboudange au S. de Metzing. Les 7e, 8e et 5e
Cies sont successivement envoyées pour renforcer les 10e et 2e
cies. Le feu d’infanterie et d’artillerie est excessivement violent. Des
fantassins allemands tirent des fenêtres de la caserne de Morhange. Les
capitaines Humbert et Bruquières, le lieutenant Vaudey sont tués. (…)Les compagnies sont décimées. Le
Commandant de Fontainieu malgré sa blessure conserve le commandement de son
bataillon pendant 3 heures.
A 11 heures, la
colonne donne l’ordre aux Cies de 1ère ligne établies à l’E. de
Pévange de se replier sur les hauteurs au S. de Riche. Le mouvement est protégé par les 9e
et 12 établie à Metzing et par la 6e Cie qui va tenir Riche et les
hauteurs au S. de Riche. Pendant ce temps, les éléments qui défendaient Conthil
avaient été obligés de l’évacuer et s’étaient reformés sur la croupe N. de
Lidrequin.
A 12h30, le général
commandant le 11e division donne l’ordre au 37e et au 79e
de se reporter par Château Voué sur Morville-les-Vic [ au sud] en
coupant par la droite pour s’y reconstituer. (…)
Plan tiré de Guides Michelin…Metz-Morhange p.36
Conthil ( haut
Koecking) (au sud de Conthil et de Morhange)
20 août 1914
René BAUDRY, (69ième RI, caporal) âgé de 22 ans,
plâtrier dont les parents demeurent à Auxerre, rue du Pont, 3, « a été
tué sur le champ de bataille »[3].
« 20 août[4]
le chiffre approximatif des
pertes était pour les sous-officiers et soldats de 695. Il serait trop long de
citer tous les actes d’énergies de bravoure ou de sang-froid. (…) le 3e bataillon, qui avait reçu à
la cote 343 à 22h le 19 l’ordre de se porter à Sotzeling [ O. de Koecking]à la
disposition du général de Brigade (la 22ème), avait été de là
renvoyé à Wuisse où il était arrivé vers
0.30. Sa mission consistait à assurer la liaison avec le 15e corps
qui fut établie. »
21-23 août 14 la
retraite et le rétablissement français sur de nouvelles positions
2. LA TROUÉE de
CHARMES (25 août 1914)
Gerbévillers (95 D1)
Sud est de Lunéville
30 août 1914
Henri
WOLFF (chef du 4ème
bataillon du 36e R.I. Coloniale, régiment de réserve rattaché
au 6e R.I. coloniale, âgé de 42 ans), tué au combat, famille
domiciliée au 3 rue Gérot à Auxerre. En 1917[5], sa femme
domiciliée rue V. Martin , inscrit sa fille Lucienne (née en 1915) à l’école
maternelle, rue de Paris. Premier nom figurant dans la rubrique « Nos tués
et blessés » du Bourguignon,
daté du 7 septembre 1914, il est fait mention de ses fières origines, « fils d’un Alsacien vaillant entre tous».
Le 36e R.I. coloniale a combattu les 26-28 août à Einvaux,
Remenoville et Gerbévillers, le 28 août à Xermaménil et le 29 août à Lamath.
« 27 août[6]
le 36e colonial reçoit
l’ordre d’aller cantonner à Remenoville : il s’y installe à 20 heures.
28 août attaque par le bois de Guilgnebois et de
l’Avelny sur la Hongrie pour forcer le passage de la Mortagne. Le 36e
est en réserve dans le bois de Guilgnebois. A 17 heures, le Régiment se porte
par le bois de Lavelny et le ravin de la Hongrie sur le viaduc de la voie
ferrée à 1200 m sud-est de Gerbéviller. Une Compagnie va occuper la route
Gerbeviller moyen pour couvrir le gué de la Mortagne marqué sur la carte au
80.0000ème à l’est de la cote 247. Deux compagnies occupent Gerbéviller. 29 août Vers 3 heures, le 36e
colonial reçoit l’ordre d’attaquer les crêtes au nord de la Mortagne vers la
cote 282. Il prend pied sur les pentes sud de ces crêtes sous le feu violent de
l’artillerie allemande. Une batterie ennemie installée probablement vers les
bois du Sorbier, prend en enfilade toute la vallée de la Mortagne jusqu’à Gerbéviller
et nous fait subir des pertes sensibles. A 19h le 36e colonial
reçoit l’ordre de quitter ses positions et de venir bivouaquer sur ses anciens
emplacements (viaduc et ravine de la Hongrie). 30 août La 147e
brigade, profitant du brouillard, attaque les positions allemandes (Bois du
Haut de la Laxe, bois des Rappés, bois du Four). 6e Cie du 36e
colonial, sur la gauche de la brigade (gauche du 222me d’infanterie) se portent
par la cote 288 et la vallée de la Falenzy sur la lisière des bois où l’ennemi
s’est fortement retranché. Deux Cies, les 14e et 15e
restent à Gerbéviller. Les Compagnies engagées subissent des pertes
énormes ? Tous les officiers disparaissent. Les renseignements précis sur
ce qui s’est passé exactement manquent, mais il est probable que les Cies ont
été surprises lorsque le brouillard s’est dissipé. Elles se seraient
probablement trouvées à découvert à courte distance des tranchées allemandes
organisées à la lisière du bois ; (…) »
Crévic-Haraucourt
(nord de Lunéville) 68 C4
25 Août 1914
Marius GIRARD, (156ième R.I., caporal fourrier) âgé de
22 ans, enfant assisté, typographe, blessé au combat de Juvrecourt les 14-15 août[7]
« Opérations des 24 et 25 août 1914[8] :
le 24 août à 5h30 le 2e
bataillon rassemblé près de la ferme Saint-Louis recevait l’ordre d’attaquer la
lisière E. du village d’Harancourt. Le village n’étant pas occupé, le bataillon
gagne la lisière (…) et où il s’installe pour passer la nuit. Le lendemain, 25 août, 5h, le bataillon
reprend sa marche en avant sur le front : Drouville (…) Les 2 Cies de 1ère
ligne s’y installent. (…) Vers 8h30, les balles commencent à tomber sur la
lisière E. du Bois de Crépic. La 8e Cie reçoit l’ordre de venir se
déployer à la lisière E. du Bois de Crépic à la gauche de la 7e Cie.
A partir de ce moment le bataillon a à soutenir un combat défensif très vif et
sous un feu meurtrier de mitrailleuses ennemies. Le 8e bataillon
tient la lisière E. du Bois pendant toute la journée ; à un moment,
n’ayant plus de munitions les hommes se replient un instant. Sur l’ordre du
colonel de rester sur la position quand même et d’agir, s’il est besoin avec la
baïonnette, cette Cie reprend sa place de combat et continue la lutte en
s’approvisionnant comme elle peut des cartouches des morts et des blessés. Elle
ne quitte le combat qu’à la dernière extrémité quand les Allemands arrivent à
l’abordage vers 5h 30 du soir. La 7e Cie a également très bien
combattu s’étant repliée par 2 fois, elle a prononcé à chaque fois un retour
offensif, pour reprendre sa position de combat elle ne s’est repliée également
qu’à la dernière extrémité ;
(…) pertes : 5 sous-officiers et 474 disparus»
Courbesseaux
(Champenoux) (Est de Nancy)
Le 25 août 14, la 140ème brigade française, chargée d’en déboucher et
de se rabattre sur le Sanon, sortit en lignes de sections, colonnes par quatre,
se fit faucher par les mitrailleuses (un régiment perdit 65% de son effectif)
et dut, le soir, abandonner le village aux Allemands.
25 août 1914
Léon
François BALOCHE, (279ième RI, 19e Cie ), âgé de 26
ans, tué à l’ennemi, à Courbessaux (Crévic), tourneur,
marié domicilié 7 place des Véens à Auxerre.
André CHARRIER ( 279e R.I.
17e Cie) âgé de 26 ans, tué à l’ennemi, domicilié 7 rue des Bons
enfants à Auxerre
Ernest Louis GERMAIN (279e
R.I., 17e Cie), âgé de 25 ans, tué à l’ennemi d’après le jugement
rendu le 4 janvier 1917 par le tribunal d’Auxerre et transcrit le 17 janvier
1917 à Chablis, domicilié 4 rue Darnus et sa famille au 88 rue du Pont à
Auxerre.
Roger MARTIN[9]
(sergent d’infanterie au 279e R.I.), âgé de 28 ans,
« juge suppléant au tribunal civil d’Auxerre, tué à l’ennemi. Un ami
du défunt consacre à sa mémoire les lignes que voici : Nous apprenons avec
chagrin la mort de M. Roger Martin, juge suppléant au tribunal d’Auxerre, tué à
l’ennemi, le 25 août, en contribuant à la défense de Nancy, où habite toute sa
famille et où son père exerce les hautes fonctions de président de chambre à la
Cour d’appel. Il est mort bravement, face à l’ennemi à 2 heures du soir, alors
que, depuis le matin, il entraînait ses hommes –il était sergent- sous une
grêle de balles. Roger Martin n’était pas seulement un magistrat travailleur,
intelligent, consciencieux, qui aura marqué brillamment sa place au tribunal et
au parquet d’Auxerre : c’était un garçon plein de cœur, infiniment
sympathique, d’une droiture au-dessus de l’éloge. Ce jeune homme charmant meurt
à 28 ans, dans l’accomplissement du grand devoir. En le pleurant en même temps
que les siens, à la douleur desquels ils s’associent profondément, ses amis maudiront
une fois de plus le monstre qui a voulu et déchaîné une pareille guerre. – L.L. »
[Le Bourguignon, 10 octobre 1914]
Camille ROGUIER (279e
R.I., 17e Cie), âgé de 26 ans, tué à l’ennemi, marié et domicilié 7
rue Darnus à Auxerre.
Metz
30 août 14
Fernand MARTIN,( 47ième RI
avant au 89ième RI, 17e Cie du 204e R.I.[10]), âgé de
29 ans, mort à l’Hôpital de fortune de Metz-Montigny
en tant que prisonnier de guerre, époux de Germaine Plait, domicilié à Les
Chesnez à Auxerre.
Frescaty (près de Metz)
3 septembre
1914
Paul FOYET, (69ième RI ), âgé de 22 ans, pupille APY,
domicilié place Charles Lepère.
3. Le GRAND-COURONNÉ ( 20 août – 10 Septembre 1914)
Site
Il s’agit d’une couronne de hauteurs boisées aux pentes
abruptes du nord de Nancy jusqu’à Pont-à-Mousson. Parmi les crêtes figure celle
de « Sainte-Geneviève ».
En 1913, le Grand Couronné est
mis en défense mais les travaux ne commencent qu’ en 1914. Le général Foch, qui
commandait alors le 20ème
Corps à Nancy, eut beau accélérer les travaux, ceux-ci étaient loin d’être achevés au début du conflit.
Les combats acharnés
que livre la 2ième Armée française entre le 20 août et le 12 septembre,
permirent au général Joffre d’étayer sa manœuvre de la Marne.
Evènements précédents
Après l’échec essuyé à la Trouée de Charmes (25 août),
l’ennemi cherche un passage plus à l’Est (Bataille de la Mortagne, 28 Août) se
glisse en vain le long des Vosges (bataille de la Haute-Meurthe, 5 septembre)
et remonte enfin au nord et fonce sur Nancy. (Bataille du Grand-Couronné 4-12
septembre 14)
Bataille de la Mortagne
Col de la Chipotte Offensive
allemande du 25 août- 12 septembre
Pour gagner Rambervillers, les Allemands doivent prendre les
points d’appui, la Grande Pucelle et la
Chipotte.

Plans tirés de Guides Michelins… Alsace- Combat des Vosges, pp.82-83
25 août 1914
Marcel GRAVEREAU (47ième
R.I.[11] , 60e
B.C.P. 8e Cie), « du 60ième
bataillon de chasseurs de
réserve, ancien employé à la Maison Soisson, a été tué d’une balle au front en
Lorraine »[12] à l’âge
de 28 ans, comptable, marié sans enfant.
Le 23 août, le Général Dubail (1ière Armée)
arrête la retraite et ordonne de se tenir prêt à l’offensive. Le 25 août la 1ière Armée a
l’ordre de se porter en avant. Mais les Allemands dès le matin avancent
également. Le XIVième corps allemand prend Raon-l’Étape, et franchit
la Meurthe. Les Français se retirent par la forêt de Sainte-Barbe, sur le Col de la Chipotte.
Le 26 août, les Allemands encerclent
les troupes du 21 CA, réfugiées au Col de la Chipotte. Une contre-attaque
française, à la baïonnette, le soir en plein bois, dégage le col que les
avant-postes du 21ème CA
tiennent la nuit.
La bataille de la Marne
impose des prélèvements de régiments de la 1ière Armée. Mais le Col
de la Chipotte après plusieurs assauts et contre-assauts reste entre les mains
des Français. Entre le 10 et le 13 septembre les Allemands se replient, le
front se stabilise.
Plan tiré de Guides Michelin…Alsace Combat des Vosges. p. 8
Flainval
7 septembre
1914
«Le régiment[13]
s’installe sur les positions comme il a été indiqué dans le compte rendu de la
journée du 6. Les Cies continuent l’organisation de la position, qui est
soumise à un violent bombardement à certaines heures de la journée. Dans l’après-midi,
le colonel de Lobit reçoit l’ordre de prendre le commandement provisoire de la
22e Brigade.
8 septembre
1914
Le régiment occupe et continue à organiser solidement la position sur
laquelle il se trouve. »
Maurice MASQUELET, (37e R.I.)
24 ans, marié à Georgette Brunin meurt à la suite de bombardement sur
les hauteurs de Flainval[14].
Plan tiré Metz-Morhange Guides illustrés Michelin des Champs de Bataille, 1919 p4
4. DONON- SCHIRMEICK (Août 14)
Stratégie : Pour
aider la 2ième Armée qui prépare la bataille de Morhange, des manœuvres ont lieu dans les vallées alsaciennes et
dans le Sundgau. Il faut occuper les forces allemandes pour qu’elles ne
puissent porter renfort à Morhange.
Les Allemands cherchent coûte que coûte à percer par la
Trouée de Charmes. Devant la résistance de la 2ième Armée, ils se
glissent le long des Vosges pour se
frayer un passage par Rambervilliers.
Les combats ont lieu dans un terrain propice à la défense,
les Vosges moyennes, au relief extrêmement confus.
La lutte sera une succession ininterrompue de retraites
partielles et de retours offensifs, flux et reflux d’adversaires qui ont tous
les deux, chaque jour l’ordre d’attaquer ; lutte de petits groupes,
acharnée et sanglante, corps à corps dans la forêt où l’on s’abordera souvent à
l’arme blanche après s’être fusillé presque à bout portant derrière les souches
et les taillis.
Opérations de Schirmeick – Vallée de la Bruche
Plan tiré de guides Michelin… Alsace- Combat des Vosges. p.91
Le 21 CA (23 DI) se porte de Saint-Dié à Saales.
Le 13 août 14, l’artillerie s’installe sur les crêtes menant
au Donon et domine la vallée de la Bruche.
Mont Donon (1 008m), les troupes françaises s’emparent du massif et font 500
prisonniers. De la vallée de la Bruche, l’Etat Major convoite Strasbourg.
Les commentaires de
la presse…
18-19 août 14, le « Bourguignon » :
« Les Français sont au col des Vosges. Pendant que les
Allemands ont repris Sainte-Marie aux Mines,
Saales et le village de Villé. Les Français occupent Guebwiller, chef-lieu
de 13 000 habitants et à 27 km sud-ouest de Colmar. »
Un
communiqué explique que les Français ont remporté un brillant succès,
particulièrement entre Mulhouse et Altkirch.
Schirmeck 70 B4
19 août
1914
Georges BERTHIER, ( sergent dans la 7e ou 9e
Cie, 57e bataillon Chasseurs), âgé de 25 ans, employé
Albert GILBERT, (7e ou 9e
Cie, 57ième bataillon
Chasseurs ) âgé de 24 ans, le 8 novembre 1915 « on ignore les circonstances (nouvelle communiquée par l’ambassadeur
d’Espagne à Berlin), lettre de l’ambassade royale d’Espagne à
Paris. »[15], ouvrier
typographe,[16]
marié et domicilié rue Basse Moquette.
Gaston
Maurice SAUTEREAU ( sergent dans la 7e ou 9e
Cie,57e B.C.A.) âgé de 24 ans, né à Auxerre
Le journal du bataillon donne avec précision les
circonstances de leur disparition, l’âpreté
du combat dans les bois, les difficultés à dénombrer les pertes.
« 18 août[17]
Le 57e Bataillon maintient un
bivouac au Donon à 18 heures le Bataillon reçoit l’ordre de porter à Schirmeck
avec 3 Cies du 20e Bataillon. La 8e Cie est restée au
bivouac, il quitte son bivouac à 20h30 et arrive à Schirmeck à 23 heures.
19 août à 2 heures une
Cie (10e) est maintenue à Schirmeck comme garde du quartier général
de la Division, les 7e et 9e se portent à Hersback à la
disposition du colonel commandant la 26e brigade qui leur donne
comme mission de couvrir l’artillerie établie à 2 km N.O. du village. A 5h30
les 2 compagnies arrivent aux batteries (…) établissent alors au carrefour 610
mètres sud-ouest de la cote 597 et surveillent les chemins conduisant vers le
nord dans la vallée Ouest de Wisches. Vers 8h l’infanterie ennemie menace le
flanc gauche des batteries. La 9e Cie est portée dans cette
direction à la lisière du boir pour couvrir l’artillerie. 9h30 elle est
remplacée par 1 bataillon du 109e. Elle revient en 2e
ligne à la Maison Forestière pendant ce temps la 7e Cie est établie
avec les mitrailleuses à 200 m Ouest du carrefour. A 10h sur l’ordre du Colonel
commandant le 109e infanterie prendre de l’offensive à la gauche des
batteries : 7e Cie en 1ère ligne, 9e en 2e
ligne avec Mitrailleuses ; l’artillerie abandonne sa position et se retire
vers le Donon. 10h30 l’attaque ne réussit pas ; la 9e vient
reprendre avec les mitrailleuses sa position à 200m du carrefour. LA 7e
Cie commence une retraite par échelon, mais l’attaque ennemie déborde son front
et elle se trouve bientôt cernée à l’exception d’une section qui rejoint la 9e.
11h 15 Plus personne devant le front de la 9e mais on voit à travers bois
des mouvements de troupes sur
les deux flancs. Le colonel du bataillon fait ouvrir le feu sur une troupe
ennemie à cheval qui passe devant le front et donne l’ordre de retraite aux
mitrailleuses sur le Donon. Le mouvement débordant sur les deux flancs
s’accentue de plus en plus dans un bois très épais et la retraite devient plus
impérieuse. Vers 11h50 une forte attaque débouche sur bois à 50m sur le flanc
gauche. Le détachement se trouve coupé en deux, les mitrailleuses et une
section de la 9e Cie se retirent par le versant nord du Donon, les
trois autres sections par le secteur sud. Puis 15h30 le détachement se
rassemble au bivouac ramenant avec lui plusieurs blessés. Plusieurs égarés
rejoignent dans la journée et dans la nuit. Pertes de la journée : 2
officiers, 66 blessés ou disparus. A 5h prise d’arme. A l’appel on constate
l’absence du capitaine (…) et 77 sous-officiers et chasseurs. Dans ce nombre,
12 blessés, 6 évacués, les autres absences ne peuvent être comptées que comme
disparus ; Les pertes s’étant produite dans un mouvement de retraite, il
n’a pas été possible de préciser la cause de la disparition (tués, prisonniers
ou blessés). »
« L’Illustration »
1914, 2ième semestre, PP.170-171 Photo de
Schirmeck
« nous
progressons dans la Vallée de Sainte-Marie et de Villé. Dans la vallée de la
Bruche, nous continuons fortement appuyés sur le Donon, à nous avancer dans la
direction de Strasbourg ».
Mont Donon
21 août 14
Jean GUILLIET (sergent au 57e B.C.A.), 27 ans, marié à Antoinette DELOSTAL, fils du
directeur de l’usine Guillet & James.
« 21 août[18]
4h30 sur l’ordre du général du
brigade, attaque au petit Donon 7e et 9e cies en 2e
ligne derrière le 21 bataillon : direction le sommet du petit Donon. Un
peloton de la 8e Cie (Lt Weiss) se porte sur le versant Est du grand
Donon se joindre à une Cie du 21e bataillon. La 10e Cie
gravit les pentes Nord du Grand Donon ; un peloton de la 8e Cie
(Lt Auboux) est envoyé à Grandfontaine se joindre au 60e bataillon.
Le terrain d’attaque est à pentes raides couvert de petits sapins très
serrés,d’une traversée difficile. En arrivant près de la crête, la 1ère
ligne se heurte à des barrières de fil de fer garnis de défenseurs. Elle est
repoussée et son échec entraîne le retrait de toutes les troupes d’assaut. En
battant en retraite, elles trouvent le col entre Donon, occupé par l’ennemi.
Elles s’écoulent dans un feu en désordre sur les flancs E . et O. du
Donon. (…) un officier disparu, un blessé, 160 gradés et chasseurs disparus. Le
bataillon cantonne dans les hameaux du Taurupt
et Halbach près Vexaincourt. » Le lendemain matin, les unités sont
reconstituées.
« L’Yonne »,
Lundi 24 Août1914
« sur
l’importance stratégique de cette position »
« qu’on imagine
une tour massive faisant saillie sur un rempart et près de deux fois plus haute
que lui, et l’on se représentera exactement ce qu’est , à l’extrémité
septentrionale des Vosges
alsaciennes, le massif du Donon occupé par nos troupes.
L’importance stratégique du Donon
avait été reconnue, bien avant César, par les Gaulois. Comme au Mont Beuvray et
au promontoire voisin de Sainte-Odile, ils y avaient construit un vaste camp
retranché.
C’est l’occupation du Massif du
Donon qu’il a permis notre marche en avant vers Sarrebourg.
Sarrebourg, à l’entrée de la route
de Saverne, est sur la rive droite de la Sarre. Les deux portes de la Lorraine
sur l’Alsace s’ouvrent sur sa rive gauche : couloir de Morhange à
Fénestrange, au nord-ouest. »
Abandon de l’Alsace
Abreschviller (nord
du Donon, Vosges 70 B3)
21 août 1914
Edmond
LABOUROT (sergent 149e R.I.) tué à l’ennemi, né le 9 janvier
1885 à Vincelottes. « fin glorieuse
du sergent Edmond Labourot, neveu de M. Lagneau, directeur d’assurances, et
gendre de l’ancien et très regretté professeur d’anglais du collège d’Auxerre,
M. Janin. »[19]
Croix Brignon (col du
Donon, Vosges)
22 août 1914 (lieu non retrouvé).
Albert CALMENT, ( 60e
bataillon de chasseurs à pied, 8e Cie dirigée par le capitaine
Jacques), cultivateur vigneron à Laborde, commune d’Auxerre, âgé de 30 ans,
marié et père d’une enfant[20].
« Samedi 22 août[21]
à 8h le bataillon en réserve à
Vexaincourt avait l’ordre d’envoyer une compagnie à La Croix Brignon pour barrer ce
couloir et établir la liaison entre les avants portes de la 25e
brigade qui sont au Donon et l’aile gauche du 14e corps qui occupe
le col du Prayé. La 8e compagnie (capitaine Jacques) est désignée
pour remplir cette mission et part du cantonnement à 8h30 . On adjoint au
capitaine Jacques 6 bûcherons du pays pour l’aider dans les travaux défensifs à
exécuter. La Cie atteint la Croix Brignon sans encombre, elle y trouve une
section du 52e de ligne élément de gauche du 14e Corps.
La liaison est donc établie et les travaux d’organisation commencent
immédiatement. (…) à 14h un sous-officier, le sergent Rainelant (8e
Cie) vient rendre compte que la 8e Cie se retire de la Croix Brignon
où elle s’est trouvée aux prises avec un détachement ennemie évalué à un
bataillon et une Cie de mitrailleuses ; engagement dans lequel elle a
perdu son capitaine et une tentaine d’hommes. Au vue de ce renseignement, deux
compagnies sont poussées dans la vallée de la Croix Brignon. 10e
(Cie) route principale, 9e (Cie) chemin
de la maison forestière (…) Les patrouilles ne rapportent aucun renseignement
sur l’ennemi ; les blessés ou isolés de la 8e Cie qui
rejoignent disent cependant qu’il poursuit sa marche. Dans la vallée de la
plaine, un violent combat se déroule jusqu’à la nuit. La liaison des torupes
qui combattent dans cette vallée est assurée par 2 compagnies du 20e
bataillon de chasseurs qui se retranche sur l’Eperon à l’E. de Vexaincourt. (…)
La 8e Cie qui était allée se reformer à Allarmont reçoit l’ordre d’y
passer la nuit et de rejoindre le bataillon le lendemain matin pour 4 heures.
(…) Etat des pertes : 11 tués dont CALMENT, 13 blessés, 8 disparus. »
23 août 14, le
plan de la Haute-Alsace est modifié car la situation
« Mons-Charleroi-Namur » préoccupe l’Etat Major. Dans un communiqué
du 25 août, le ministre disait : « ma
Grande bataille est engagée entre Maubeuge et Donon ; C’est d’elle que
dépend le sort de la France et de l’Alsace avec elle. C’est au nord que se joue
la partie et c’est là que le général en chef appelle pour l’attaque décisive
toutes les forces de la Nation ».
Autres lieux :
Hesse (près de Sarrebourg) (69 F3)
20 août 1914
Joseph MIGAT (capitaine 98e
R.I, 3e Cie ), âgé de 42 ans, mort de blessures de guerre, domicilié
21 rue d’Orbandelle à Auxerre.
Journée difficile, confuse où dans la nuit, égarés des
bataillons se trouvent contre les tranchées ennemies et se tirent même dessus
par mégarde.
« à 3h 30 le
régiment[22]
quitte son cantonnement pour aller à son emplacement de rassemblement articulé
de la veille au soir (E. de Vitting). Il y est rendu à 4h. La 25e
division est en réserve d’armée. Par ordre de la division daté de 8h35, la 50e
brigade doit tenir région hesse, Houchenhoff, Schneckenbuseh, pour soutenir la
droite du 8e Coprs qui attaque dans la direction de Reding partant
de Sarrebourg et Bühl. Le 2e bataillon marche à 9h30 sur
Schneckenbusch. Le 1er bataillon doit soutenir l’AD 25 et se porter
sur la pente orientale de la croupe 330. Le 3e bataillon s’établit à
l’E. de Hesse en rassemblement articulé. Le 2e bataillon gagne
Schneckenbusch par le biais de Juingfort. Il occupe la lisière N. du village et
s’étend vers l’ouest le long du canal ; il est assailli par un feu violent
d’artillerie et d’infanterie et subit de nombreuses pertes ; Il tient
pendant deux heures environ , mais finit par être obligé d’abandonner le
village et résiste difficilement le long du canal vers Neuhoff. Le 3e
bataillon est rapproché derrière le bois de Juingfort pour recueillir le 2e.
Le 2e bataillon qui ne peut plus tenir à Schnekenbusch et au canal
reflue sur le bois de Juingfort et le long du canal. Sa retraite est soutenue
par des éléments du 3e bataillon. La retraite se poursuit jusqu’à
Hesse poursuivie par l’artillerie qui a incendié Schnekenbusch et qui courve le
bois de Juingfort, les abords du canal de projectiles.
Le 2e
bataillon se reforme, tant bien que mal à hauteur du N. de Hesse derrière un
talus. Vers 17h, le régiment reçoit l’ordre de se porter en avant sur Bühl et
la partie Est de Sarrebourg. Toutes les autres troupes doivent aussi reprendre
l’offensive ; Deux compagnies du 1er bataillon qui est en
soutien d’AD 25 depuis le matin à l’est
de la côte 330 ont pu être rappelées et le régiment se porte à l’attaque dans
la direction de Neuhoff (1er bataillon, puis 3e, puis 2e).
Jusqu’au pont sur le canal, le régiment progresse sans pertes. Après le pont du
canal, il est assailli par les feux d’artillerie et d’infanterie ; ceux-ci
partant de tranchées placées à hauteur de Bühl. La nuit est complète lorsque
malgré des pertes énormes le régiment , mal orienté, divisé arrive près des
tranchées allemandes ; des fractions du régiment ou de régiments voisins
se seraient même tirés dessus. Le 1er bataillon est arrivé à
l’abordage et son chef le commandant de Fabrègues a été blessé, et fait
prisonnier. La partie du 2e bataillon restée du côté de la côte 330
avait marché à l’attaque avec le 86e. Le 2e bataillon
n’est pas allé jusqu’aux tranchées, le 3e non plus. Il y a eu
méprise ou panique on ne sait au juste, et les débris du régiment ont
rétrogradés sous le feu de nuit de l’artillerie et de l’infanterie sur le pont
du canal et sur Hesse. ( ;) Le régiment, après s’être reformé a cantonné à
Hesse. »
Moyenmoutiers (Nord de Saint-Dié, Vosges) 95 F2
25 août
1914
Antoine Marie Charles de VAUCORBEIL (élève de Saint-Cyr,
sous-lieutenant (active) dans la 2e Cie, 1er bataillon du
140e R.I), âgé de 20 ans, tué à l’ennemi, né le 19 février 1894 à Le
Bouscat (Gironde).
[1]
Le Bourguignon 18 août 1915
[2]
JMO 37e R.I site SGA/ cote é6 N 612/9
[4]
JMO 69e R.I. site SGA / cote 26 N 658/1
[5]
register de matricule de l’école maternelle de Paris (Ville d’Auxerre), années
1917-1918-1919, collection O.C.
[6]
JMO 36e R.I., site SGA / cote 26 N 866/8
[7]
JMO 156e R.I. site SGA / cote 26 N 699/6
[8]
JMO 156e R.I. site SGA / cote 26 N 699/6
[10]
AMA, 4H5 cahier des morts et disparus d’Auxerre
[11]
Mairie d’Auxerre, Registre de l’Etat civil
[12]
BMA, Le Bourguignon, jeudi 10
septembre 1914
[13]
JMO 37e R.I. site SGA/ cote 26 N 612/9
[14]
fiche “Morts pour la France”, site SGA
[15]
AMA, 4H5 Cahiers des morts et disparus d’Auxerre (cliché 127_2802)
[17]
JMO du 57e B.C.A. rattaché au 21e C.A., site SGA / cote 26 N 831/1
[18]
JMO 57e B.C.A. site SGA / cote 26 N 831/1
[21]
JMO 60e B.C.P. site SGA / cote 26 N 832/6
[22]
JMO 98e R.I. site SGA / cote 26 N 672.16
[23]
JMO 140e R.I. site SGA / cote 26 N 691/1
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