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télégramme annonçant le décès d'un soldat à Neufchâteau, arch. municipales d'Auxerre |
Aube
Troyes
À l'arrière, les appelés en formation n'ont guère plus le moral. dans leurs lettres, ils ne cachent pas leur
désarroi.
Lettre de Alix Guitard à sa femme, 23 août 1914 [1]
Né le 26 août 1889 à Gy-l’évêque issu de famille
d’agriculteurs , il est venu travailler à Auxerre chez Jean Moreau[1] (avenue
de la Puisaye), à la fabrication de biscuits, chocolats pain d’épices (dont la
spécialité « Bamboula »). La dernière paye des ouvriers, juste avant
la guerre, s’est faite en louis d’or.[2] Marié
depuis le 1 février 1913 à Marie-Louise Demonte[3], il a une
fille le 5 juillet 14.
Alix est
mobilisé à Troyes en début août, seulement quelques semaines après cet heureux
événement. Il retrouve là-bas son beau-frère. Il y reste deux mois.
Puis départ, avec son régiment, pour le Nord : passe
par la Somme, en Pas-de-Calais et arrive dans le secteur d’YPRES sur la
frontière belge le 9 novembre 1914. Il meurt le 10 novembre[4], tué par
une balle en plein cœur. Il a 25 ans. Son camarade de combat (originaire aussi
de l’Yonne) l’enterre. Il prévient le maire de Gy-l’Evêque (où vivent toujours
ses parents) car il n’a pas le courage d’écrire directement à la veuve.
[1]
L’unedes boutiques subsiste de nos jours, elle est occupée par un fleuriste rue
du Pont ;
[2]
Madame Ladier, petite fille en a gardé précieusement un exemplaire.
[3]
née le 21 février 1891.
[4]
Date qui ne correspond pas aux indications du SHAT.
Je
m’empresse de te retourner une lettre pour te dire de ne pas lire celle que je
t’ai envoyée, car tu
seras comme moi dans la peine. J’ai des instants que je ne sais plus ce que je fais. On est tourné
surtout quand je songe à toi. Je te dis je ne te parle pas de ma fille c’est encore
pire. Ne montre pas
cette lettre
à personne.
Courage –mes camarades
m’ont remonté le moral un peu, mais tu sais c’est fort.
Prends courage. Je
voudrais te voir c’est cela qui me tourne la tête. Prends courage encore une
fois
courage je reviendrai bientôt.
Je te
dirai qu’elle est mal fichue. Aussi voilà plusieurs jours que je n’y suis pas
allé car je m’embête
encore plus vers elle. Tu sais on parle toujours de vous.
Elle croyait que tu serais venue. Tu diras à
Henri qu’elle écrit tous les jours
pourtant. Simone[4]
demande son papa souvent. Elle est gentille et
pas malade cette pauvre petite.
Ma petite
femme chérie ne te tourmente pas je vais me remonter aussi.
Fais ce que
tu voudras. Viens si tu veux Oh que je serai heureux aux risques de tout.
Ma chérie au revoir
Un bon baiser
Ton ami chéri pour la
vie
Guitard Alix
27e Compagnie Dépôt de Troyes
26e d’Infanterie."
Lettre d'Alix Guitard à sa femme, Troyes, postérieur au 23 août 1914.
Etat désespéré du soldat encore en formation à Troyes.
Aujourd’hui
dimanche, je m’empresse de t’écrire. Je suis bien chagrin de t’avoir envoyé une
lettre pareille mais je te le dis, j’étais dans un moment de malaise. J’aurais
voulu, te voir c’était plus
fort que moi mais ne te désole pas parce que tu
tomberais malade mais tu sais, c’est fort de ne pas te
voir. Ecoute, si tu peux
voyager un peu, viens. Les trains arrivent pas mal à présent. Tu ne seras pas
toute la journée ; tu te retourneras avec Marie[5] surtout la lettre que tu as reçue ne la
montre à
personne . Tu diras à Henri[6] que Marie
est un peu dérangée, elle a mal dans le ventre et les côtés.
Je t’écrirai deux
fois par jour. Je ne t’en mets pas plus long mais su tu pouvais venir ce serait
une
grande joie pour moi. Allons prends courage ma chérie et embrasse bien
toute notre petite fortune[7]
que tu as vers toi, pour moi. Moi, j’embrasse Simone[8] à la
place, elle est bien gentille ? Elle
demande son papa tous les jours.
Ma chérie
je t’embrasse en attendant le plaisir de te voir. Si tu peux et pense venir,
envoie moi
une dépêche de suite.
Ton petit
chéri pour la vie entière.
Alix Guitard
26e d’Infanterie
27e
Dépôt de Troyes."
[1]
Lettre précédée de plusieurs télégrammes envoyés par Alix à sa femme ,
insistant pour qu’elle vienne à Troyes.
[2]
Henri = époux de Marie, frère de sa femme, resté à Auxerre.
[3]
Marie= sa belle-sœur, est l’épouse et travaille à Troyes. Elle n’est pas en
très bonne santé et mourra en 1916.
[4]
Simone : est leur fille née en juillet 1911 ; elle a donc 3 ans quand
Alix Guitard écrit cette lettre ; elle est sa nicèe par alliance ;
[5]
Marie= sa belle-sœur.
[6]
Henri = époux de Marie, resté à Auxerre.
[7]
Le bébé d’Alix, sa fille née le 5 juillet 14.
Vichy
10 septembre 1914 Gaston Louis LECLÈRE (réserviste du 204° R.I. de ligne) âgé de 23ans, blessé le 6 septembre à la bataille de la Marne[2] transporté à Vichy mort des suites de blessures de guerre, ouvrier typographe, « domicilié au 42 rue Louis Richard. Le défunt était l’un des fondateurs de la Société des excursionnistes dont il était devenu le trésorier particulièrement zélé. »[3] La sépulture à Auxerre fait l’objet d’un article dans Le Bourguignon le 7 février 1916
9 octobre
1914 Alexandre BEAULIEU (réserviste au 4e R.I., 10e Cie), âgé de 33 ans, mort de blessures de
guerre à l’hôpital temporaire n°46, installé à l’Hôtel des Princes. Il avait
été blessé d’une balle à la tête à Triaucourt (Meuse)[1], né à
Saint-Maurice d’Aveyron dans le Loiret. « M. Alexandre Beaulieu demeurait à Bruxelles, rue des Dominicains, 11,
où il exerçait le commerce des vins. Il avait rejoint sonr égiment à Auxerre,
le 2e jour de la mobiisation, laissant à Bruxelles sa jeune femme,
Belge de naissance, et son petit garçon de 9 ans. Par suite de l’envahissement de la Belgique
par les Allemands, l’infortuné fut dans l’impossibilité, avant sa mort,
d’embrasser une dernière fois sa femme et son enfant ; bien plus, depuis le
commencement de la guerre, il n’avait eu aucune nouvelle d’eux.
Orphelin
de bonne heure, M. alexandre Beaulieu fut élevé à Auxerre par sa tante, Mme
eaulieu, demeurant rue Haute-Moquette. Ses deux frères sont enocre sous les
drapeaux. Sa tante a eu la consolation de l’embrasser avant sa mort. »
30 novembre
1914 Georges BILLARD (12e Cie, 89e R.I.), âgé de
25 ans, mort à l’hôpital n°42, domicilié 4 rue de la Maladière à Auxerre.
Indre
Châteauroux
2 novembre
1914 Ulysse FAYOT / FAILLOT ( 37e
R.I.), âgé de 23 ans, mort à l’hôpital temporaire n°1 des suites de blessures
de guerre, né le 5 août 1891 à Marsangis.
Indre-et-Loire
Tours
9 décembre
1914 Charles QUILLOT, (adjudant 204e R.I., 17e
Cie), âgé de 23 ans, décédé à l’hôpital complémentaire n°2 à Tours des suites
de blessures de guerre, employé des
postes et domicilié place de la Gare à Auxerre. « fils du boulanger de la rue du Pont, a été blessé aux environs de
Soissons, par un éclat de shrapnelle au genou gauche. Soigné à Tours, il a déjà
subi trois opérations. »[4]
« est décédé jeudi matin, à 2 heures, à l’hôpital de Tours où il était
soigné depuis six semaines. Son père, sa mère et sa sœur ont recueilli son
dernier soupir. Il avait 23 ans. L’inhumation aura lieu à Auxerre. »[5]
Sépulture
de Charles Quillot : « Dimanche
[13 décembre], le convoi de
l’adjudant Charles Quillot, du 204e, inhumé au cimetière d’auxerre a
été suivi par plus de 2.000 personnes. On remarquait les associations d’anciens
militaires et sociétés sportives avec cinq drapeaux, les représentants de la municpalité,
la pluaprt des officiers et soldats de la garnison ; le personnel de
l’adminsitration des postes. De nombreuses couronnes avaient été offertes par
diverses sociétés et par les amis du défunt. Sur la tombe, des discours ont été
prononcés par le capitaine d’état-major Dollones, au nom du colonel commandant
la subdivision, par M. Maurice Staub, au nom du patronage catholique, MM.
Cadet, receveur principal, et Labadille, directeur départemental des postes, au
nom de l’administration à laquelle appartenait le défunt. »[6]
Lot-et-Garonne
19 septembre
1914 è carte postale de Julien
RIVOLLET en convalescence à l’hôpital de Feugarolles adressée à Maurice
POUGET, sergent du 204e R.I., rue Cochois à Auxerre
« suis blessé jambe droite depuis une
quinzaine par shrapnel, vais aussi bien que possible, espère que vous êtes en
bonne santé, bonjour à tous les camarades qui sont encore là. Bon souvenir et
amitiés. J. Rivollet ».
Paris
10 octobre 1914 Célestin GODON
(282e R.I. 22e Cie) âgé de 26 ans , décédé à l’hôpital du
bastion, 29 boulevard Macdonald à Paris, époux d’Henriette Dupont, domicilié 12
rue Emile Lorin à Auxerre.
Meuse
Bar-le-Duc
19 novembre
1914 Camille GESNOT (réserviste au 204e R.I., 31e
Cie) âgé de 30 ans, mort à l’hôpital militaire, sa sœur Mme Dessaus domiciliée
rue d’Orbandelle à Auxerre où elle tient le café de la Poste[7].
Isère
Grenoble (Hôpital
militaire de la Tronche)
19 octobre
1914 Raoul PESCHÉ (60e Bataillon de chasseurs à pied), âgé de
27 ans, décédé des blessures de guerres, domicilié 8 rue Haute Moquette à
Auxerre.
Yonne
Auxerre
5 décembre
1914 Pendant ce temps,
arrivent de Sens par bateau des blessés de la région d’Ypres pour recevoir des
soins aux hôpitaux de la ville.
« trente militaires, venant de la région
d’Ypres, sont arrivés aujourd’hui par bateau à Auxerre, ils avaient été envoyés
en chemin de fer jusqu’à Sens. La plupart ont été blessés et ont eu les pieds
gelés dans les tranchées. » Le Bourguignon, 5 décembre 1914
15 décembre « Lundi soir (14 décembre), à 10 heures, un convoi de cent blessés
et malades, venant de la région d’Ypres, est arrivé à Auxerre. Ces militaires
ont été aussitôt répartis dans les divers hôpitaux de la ville. » Le Bourguignon 15 décembre 1914
23 décembre Les actes de décès des « Morts pour la Patrie »
« M. joseph Thierry, député des
Bouches-du-Rhône, a déposé une proposition ayant pour objet de compléter les
articles 96 à 101 du code civil sur les actes de l’état civil. Il demande que
‘lacte de décès d’un militaire tué sur le champ de bataille ou mort des suites
de ses blessures contienne désormais la mention : « Mort pour la
Patrie. »
En ce qui concerne les militaires ou marins de tous
grades tués ou morts de leurs blessures depuis le 2 août 1914, l’officier de
l’état civil devra inscrire en marge des actes de décès les mots :
« Mort pour la Patrie », afin que l’état civil enregistre l’honneur
de celui qui a donné sa vie pour le apys un titre clair et impérissable à la
gratitude et au respect de tous les Français. » Le Bourguignon 23 décembre 1914
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